Divorce germano-américain
Diplomatie D’un côté, le président américain estime que «les Allemands sont méchants, très méchants» (à propos des ventes de voitures allemandes aux Etats-Unis) deux mois après avoir refusé la poignée de main de la chancelière allemande. De l’autre, la chancelière affirme que «les temps où nous pouvions totalement nous reposer les uns sur les autres sont en partie révolus», et ajoute que «nous, Européens, devons vraiment prendre en main notre propre destin». Depuis 1949 et la fondation de la République fédérale d’Allemagne (RFA), jamais les relations Berlin-Washington n’avaient été aussi distantes.
Pourtant, la RFA a toujours été un allié indéfectible des Etats-Unis sur le Vieux-Continent: principal bénéficiaire du plan Marshall, l’Allemagne a vu les Etats-Unis devenir le premier débouché pour ses exportations en 2015. Mais surtout la diplomatie et la défense du pays avaient toujours été alignées sur Washington jusqu’au début du XXIe siècle. Des dizaines de milliers de soldats américains sont stationnés en Allemagne, où se situe le siège de la United States Air Force en Europe. Même la découverte des écoutes américaines sur Angela Merkel n’avait pas déclenché une crise telle que celle actuelle.
A l’heure où le couple franco-allemand est relancé et alors que le Brexit devrait ressouder les partenaires européens, Donald Trump prend le risque de s’aliéner un précieux allié. Et d’affaiblir l’OTAN. Ce qui pourrait relancer des projets de défense commune européenne? Au contraire du projet avorté de CED de 1950, cette relance serait alors bâtie hors du parapluie américain. Le retrait américain de l’Accord sur le climat n’arrangera rien.