La nouvelle garde UDC à l'assaut du Conseil fédéral
Les élections fédérales d’octobre 2015 marquent un changement de génération au sein de l’UDC zurichoise. Exit Hans Fehr (68 ans), ancien directeur de l’ASIN (Association pour une Suisse indépendante et neutre), le bras armé antieuropéen de l’UDC. Exit Christoph Mörgeli (55 ans), idéologue historique du parti blochérien. Exit Ernst Schibli (55 ans), second couteau issu de la campagne zurichoise. Les électeurs du parti nationaliste leur ont préféré de nouveaux profils universitaires, urbains et globalisés. Voire même étonnant pour cette formation conservatrice dans le cas de Hans-Ueli Vogt. Ouvertement gay, ce spécialiste du droit des actions enseigne à l’Université de Zurich.
Avec Roger Köppel, rédacteur en chef du magazine Weltwoche, une star entre au Conseil national. Candidat le mieux élu du canton et de Suisse, cet intellectuel rompu à l’art de la dialectique tranche avec l’identité agrarienne de l’UDC. Devenu propriétaire de la Weltwoche grâce au soutien financier officieux de Christoph Blocher, cet interlocuteur mordant a été de tous les débats télévisés qui ont précédé les élections.
La nouvelle garde de l’UDC est résolument orientée économie avec, à Zurich, Gregor Rutz (43 ans), cheville ouvrière d’un lobby Alliancefinance, dédié à la défense de la place helvétique. Le banquier Thomas Matter (49 ans) est engagé pour le renforcement du secret bancaire pour les Suisses, tandis que Nathalie Rickli (38 ans) lutte contre le monopole de la SSR. Dans les Grisons, Magdalena Martullo-Blocher (46 ans), «fille de» et CEO d’EMS Chemie.
Thomas Aeschi, le favori du ticket UDC
Et surtout à Zoug, il y a le conseiller national Thomas Aeschi (36 ans). Diplômé de l’Université de Saint-Gall, ce spécialiste de la finance affiche sur son brillant CV un master obtenu à Harvard. Il fait figure de favori pour reprendre le siège d'Eveline Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral lors de l'élection du 9 décembre prochain. Le groupe parlementaire UDC l'a désigné pour son ticket aux côtés du Vaudois Guy Parmelin et du Tessinois Norman Gobbi.
Venus du droit, de la finance et de l’entreprise, ces universitaires souvent affables sont emblématiques d’un turnover au sein du parti du vieux tribun Christoph Blocher. La relève se veut ouverte au monde et soucieuse de la réussite économique du pays, tout en défendant la souveraineté de la Suisse. Des idées qui se révéleront contradictoires lorsque la fraction UDC devra soutenir l’instauration des contingents pour les étrangers (initiative du 9 février) au risque de sacrifier les accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE). Il en va de même pour l’initiative «Le droit suisse au lieu des juges étrangers», rédigée par Hans-Ueli Vogt, qui défend le principe de primauté helvétique, au prix de nos relations avec l’UE.
L’avenir dira si les nouveaux élus UDC se destinent à mettre un peu d’eau dans le vin de l’isolationnisme des anciens. Ou à se livrer à un double jeu.