Armes: l’inhibition a du bon
En 1996 en Australie, un jeune homme faisait 35 morts et 23 blessés à l’aide d’un semi-automatique sorti d’un sac. Après la tragédie, un consensus sans précédent a débouché sur une législation restreignant le port d’armes. Le gouvernement a interdit les armes automatiques et semi-automatiques, établi de nouvelles règles d’attribution du port d’armes, mis en place un registre national, acheté et détruit 600 000 armes à feu. Depuis, il n’y a plus eu de tuerie de masse en Australie.
De quoi inspirer les Etats-Unis après la tragédie de février au lycée de Parkland en Floride, qui a coûté la vie à 17 victimes? Il s’agirait d’un miracle car au pays de la bannière étoilée, le droit de porter une arme à feu, garanti par le deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis, semble appartenir à l’ADN des Américains. Le puissant lobby pro-armes de la National Rifle Association (NRA) milite à coup de millions de dollars. Et la majorité silencieuse qui a élu le président Donald Trump reste persuadée que la détention d’une arme constitue une force dissuasive à la criminalité plutôt qu’un danger pour la société.
L’exception suisse
La corrélation entre le nombre d’armes en circulation et celui des crimes violents est pourtant indéniable. Sauf en Suisse. Avec 46 armes à feu pour 100 habitants, la Confédération se trouve au quatrième rang mondial du nombre d’armes légères. Or, le taux d’homicide y est parmi les plus bas au monde.
La Suisse se profile ainsi comme l’exception qui confirme la règle. Sans doute en raison d’un génie helvétique qui recouvre l’inhibition. Un trait de caractère sous-estimé du peuple de Guillaume Tell.