Un tremblement de terre se dessine à l’horizon pour les distributeurs helvétiques. Le géant américain du commerce en ligne Amazon est sur le point de débarquer sur leur territoire. Connu pour maintenir des marges parmi les plus élevées au monde, le duopole Migros et Coop voit arriver sur ses plates-bandes un concurrent qui n’est rien d’autre que l’instigateur de la révolution du commerce en ligne. Des accords en passe d’être signés avec La Poste et les autorités douanières doivent permettre prochainement à Amazon d’ouvrir à la Suisse son catalogue destiné au marché allemand de 229 millions de références. La clientèle sera livrée en vingt-quatre heures, le tout à des prix de 30 à 40% plus bas que ceux qui sont en vigueur en Suisse.
Cette nouveauté constitue un énergique coup de boutoir dans les murs qui protègent l’îlot de cherté helvétique du reste du monde. Face à la pression d’un leader mondial comme Amazon, les chicaneries administratives et les barrières élevées par un arsenal de normes pour protéger le marché intérieur sont restées sans effet. La résistance politique et corporatiste endémique à la Suisse aux principes économiques du libre-échange encaisse là un revers majeur.
Face à Amazon, aucun domaine n’est plus à l’abri. Protégé par la complexité des chaînes du froid et la fragilité des produits à livrer, le domaine de l’alimentation jouit encore d’une position privilégiée. La part des ventes en ligne de produits alimentaires plafonne en Suisse à quelques pour-cent, alors qu’elle est de 26% pour l’électronique et de 15% dans l’habillement. Or, l’achat de la marque bio haut de gamme Whole Foods aux Etats-Unis au printemps dernier laisse imaginer l’avenir. Avec cette acquisition, Amazon obtient une chaîne de magasins physiques qui peuvent servir de point de livraison comme de vitrines. En même temps, le client a la possibilité de se faire livrer chez lui ou d’acheter en magasin. Un traitement ciblé des données de la clientèle doit en outre lui permettre d’accumuler les parts de marché.
Les limites du système - -
Le grand gagnant de ces bouleversements est évidemment le consommateur. Des prix mis sous pression par cette nouvelle concurrence devraient à terme s’aligner sur ceux des pays voisins. Face à la puissance d’Amazon, les groupes suisses devront rivaliser d’imagination dans le service, autant que l’éventail de l’offre, afin de maintenir leur position.
Et c’est à ce stade que l’on touche aux limites du système. Si les entrepreneurs les plus inventifs trouveront d’intéressantes niches négligées par le rouleau compresseur américain, d’autres personnes perdront leur travail dans la réorganisation des activités. Or, toute dégradation de l’emploi alimente repli identitaire et populisme. Le démantèlement de l’îlot de cherté helvétique n’ira certainement pas sans casse.
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Amazon à l’assaut de l’îlot de cherté suisse