Monsieur Le Professeur iPad

L’iPad, nouvelle recrue dans l’effectif professoral ?
Cette question, dans certaines régions du monde, ne se pose déjà plus. En Thaïlande, par exemple, presque chaque élève est muni de sa tablette et la plupart des supports de cours sont numériques. Idem en Corée du Sud. Le débat est donc déjà dépassé là-bas…
Dans nos contrées, deux mondes parallèles cohabitent :
- Le système privé, en particulier celui des écoles internationales, qui a pris le ‘taureau par les cornes’ et qui investit dans l’achat et surtout la formation de ses enseignants pour un usage de plus en plus répandu des tablettes. Notons que pour certaines d’entre elles, l’iPad est devenu également un argument promotionnel pour l’acquisition de nouveaux parents… Pardon, d’élèves.
- En face, le système public, qui pour le moment est en phase d’évaluation à travers des expériences pilotes sur ce sujet. Cela indique une prise de conscience de l’enjeu pédagogique que ces outils représentent. Cependant, si la prudence, voire la retenue, est franchement de mise, c’est que l’irruption des tablettes dans le paysage scolaire implique des changements fondamentaux dans la manière d’enseigner.
Autrement dit, introduire l’iPad dans la salle de classe remet en question la place du professeur, et pour certains, l’avenir de la profession.
Premier constat : nos enfants sont nés en sachant d’abord ‘iPader’ avant même de savoir marcher (si si, j’en connais). Il est donc inutile de résister à la puissance de l’impact des écrans digitaux dans la vie quotidienne de nos chers bambins. Ils sont conscients de l’accès facilité à tous types d’informations, et bientôt, ils vous diront – si ce n’est pas déjà fait - :
« Pourquoi j’apprends mon cours, il y a Wikipédia ? »
(Alors que nous, pour rappel, nous proclamions : « pourquoi je répète mes livrets, j’ai une calculatrice ? »).
Deuxième constat : Internet a ouvert les portes au e-learning. D’abord dédié aux adultes, le marché des étudiants et des élèves a vite trouvé de quoi être alimenté. Le très célèbre site Khan Academy, par exemple, est utilisé désormais par de nombreuses écoles internationales comme support additionnel de cours.
Dernier constat : après avoir fourni les élèves, le marché propose désormais des logiciels (plateformes) destinés aux professeurs, afin de composer des cours ‘individualisés’, avec un suivi personnalisé des performances et progressions de chaque élève. Cette ultime évolution du « professeur iPad » me permet donc de dire que la profession en tant que telle n’est pas menacée, car c’est davantage la manière de concevoir le rôle du professeur qui est vraiment concernée.
Une réalisation de cet état de fait est, par exemple, la ‘classe inversée’ (USA) : les enfants apprennent le cours chez eux en regardant une vidéo puis se rendent en classe pour s’exercer, de manière individuelle, avec le professeur.
Ainsi, un mariage heureux entre l’iPad et le monde scolaire dépend de la capacité d’adaptation des méthodes d’enseignement en place, et par ricochets, de professeurs formés pour combiner craie blanche avec clavier digital.