Electeur des villes, électeur des champs
Politique Trêve de tweet polémique. Cette fois-ci, Donald Trump a directement pris son téléphone pour appeler le président Recep Erdogan et le féliciter de sa victoire lors du référendum du dimanche 16 avril, qui ouvre la voie à un pouvoir autocratique en Turquie. Pas un mot sur les protestations émises par la communauté internationale quant à la tenue d’un scrutin sous pression. Entre hommes forts et contestés on se comprend.
On se comprend d’autant mieux qu’on est issu de la même vague qui balaie la politique mondiale: la revanche de l’électeur des champs sur l’électeur des villes. Celle des rednecks de l’Amérique profonde sur les fustigées «élites» des côtes est et ouest, qui en avaient oublié jusqu’à leur existence. En Turquie, l’Anatolie rurale du centre a parlé haut et fort et infligé un cinglant revers aux pôles urbains d’Izmir, Ankara et Istanbul, ainsi qu’aux zones touristiques. Ces pro-Européens, gagnants de l’ouverture du pays, dont la mobilisation insuffisante n’a pas suffi à empêcher la victoire d’Erdogan, même avec l’appoint des régions kurdes, historiquement opposées au pouvoir central.
Récemment converti à l’interventionnisme avec les frappes en Syrie, Trump s’est félicité de compter désormais un appui sûr dans la région. Mais au-delà de la lutte contre l’Etat islamique, le président américain place ses pions. Plus que jamais, les deux Trump Towers d’Istanbul toisent la Turquie.