Aujourd'hui, la BCE devrait publier le premier montant hebdomadaire qu'elle aura acheté dans le cadre de son QE. Nous aurons également, en plus de ce rendez-vous hebdomadaire, un point mensuel dans quelques semaines concernant la qualité et la duration des obligations étatiques achetées.
Il n'y a pas de craintes à avoir sur les premiers mois, la BCE fera ce qu'il faut pour remplir son mandat. Mais la question peut légitimement se poser pour les mois suivants. D'ailleurs, il fut surprenant que l'ESRB (European Systemic Risk Board) publie une étude prônant que les obligations ne soient pas un actif sans risque et que les régulateurs mondiaux doivent réintroduire des besoins en capitaux pour la détention d'obligation. Draghi a commenté positivement ce rapport... Normal! Car en plus de la BCE, il supervise l'ESRB...
Pourquoi ce rapport arrive maintenant alors que les membres de la BCE affichent une grande confiance sur la capacité d'achat de la Banque Centrale???
C'est ici que la divergence entre le QE américain et le QE Européen est majeure. Le QE américain fut lancé alors que l'Etat, venant au secours des banques et du secteur immobilier, avait des besoins gigantesques. Ainsi la FED a crée un environnement favorable afin de passer la crise la plus grave depuis 1929. Avec des taux à 10Y, à l'époque, entre 3,5% et 4%, la FED a engrangé des gains en mark-to-market et le 10Y US offre encore un rendement acceptable pour les fonds d'assurances ou fonds de pensions. Cerise sur le gâteau, cette action de la FED a fait baisser rapidement la valeur du dollar, ce qui, avec des salaires en berne, a propulsé l'économie américaine comme l'une des plus compétitive au monde sur le plan industriel.
En Europe, l'histoire n'est pas du tout la même. Les régulateurs ont été forcés par les politiques de changer les règles pour obliger les assureurs et fonds de pension à détenir des obligations étatiques au détriment des actions. Ainsi les Etats européens ont "trouvé" des acheteurs complaisants, absorbant leurs émissions de dettes pour sauver les banques. Le problème est que les institutions financières ont acheté des obligations dont le nominal devait les sauver... Ce cercle vicieux nous a conduit à la situation actuelle. La BCE lance son QE avec un Bund à 10 ans sur les niveaux de 0,30%... Draghi, en indiquant que la BCE pourra acheter des obligations jusqu'à un taux de -0,20%, a implicitement donné un objectif à tous les traders de la terre. Les problèmes principaux sont pourtant de trois ordres :
- Les institutionnels européens ne seront pas vendeurs en face de la BCE cf les derniers commentaires du responsable de l'investissement d'Allianz.
- Certains pays, comme l'Allemagne, ne seront pas de grands émetteurs nets en 2015. Il n’y a encore que les pays en détresse budgétaire, après 7 ans de crise, qui seront présents…
- La BCE ne peut détenir plus de 33% d'une échéance...
Je rappelle que tout doute sur la capacité de la BCE à pouvoir acheter les 60 Mds EUR mensuels pourrait jeter un trouble sur le mandat de la banque centrale, avec un impact non négligeable sur la valeur de l'Euro face au Dollar Américain.
Alors Mr Draghi, le compte sera-t-il bon?
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Le compte est bon Mr Draghi?