Tout a commencé avec une série de découvertes de gisements de gaz à l’est de la Méditerranée. Ces champs sont entourés par la Turquie, la Syrie, Israël, le Liban, l’Egypte, avec Chypre au milieu de la zone. La première découverte importante est à mettre sur le compte du consortium du groupe américain Noble, qui a identifié le champ gazier géant Tamar au large d’Israël en 2009. Ce gisement a libéré le pays de la dépendance aux importations de gaz provenant d’Egypte. Une année plus tard, Noble a découvert un second gisement, à juste titre nommé Léviathan. D’une capacité deux fois plus élevée que le site de Tamar, cette poche a permis à Israël de devenir exportateur net de gaz. Noble a encore trouvé un autre champ plus petit, Aphrodite, dans les eaux chypriotes.
Face à cet enjeu géopolitique majeur, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a été contrarié par la volonté de Noble de relier ces trois champs gaziers à un seul terminal de gaz liquéfié. Le printemps arabe ne fit que renforcer Israël dans sa volonté de ne pas rapprocher les trois champs découverts. En 2013, le parlement du pays vota une loi obligeant à conserver 60% de l’extraction de gaz pour la consommation domestique afin d’assurer l’autosuffisance du pays jusqu’en 2040, le reste étant pour l’exportation. Mais des tensions politiques internes à Israël ont bloqué pendant cinq années tout développement de Léviathan.
En parallèle, dès 2012 l’Egypte a stoppé toute exportation de gaz vers Israël en arguant des impayés. Quand al-Sissi est devenu président de l’Egypte, la nouvelle administration en 2014 a coupé de nombreux soutiens financiers au secteur de l’énergie et l’a ouvert aux investissements étrangers. BP a lancé l’exploitation de West Nile Delta couvrant 30% de la demande égyptienne. En 2015, le site Zhor fut découvert par un consortium mené par ENI. Ce gisement colossal, une fois et demie la capacité du Léviathan, est exploité depuis fin 2017. Avec d’autres poches, Zhor rendra l’Egypte autosuffisante en 2018.
Devant ce magot, Chypre et le Liban ont décidé d’augmenter l’exploration de la zone et Eni, Exxon et Qatar Petroleum ont manifesté leurs intérêts pour 2018. La Turquie est entrée dans la danse en déclarant que les opérations d’ENI dans deux blocs étaient injustifiées. Les forces armées turques ont revendiqué toutes les eaux au sud de Chypre pour des exercices militaires jusqu’au 22 février. Ce moratoire a été étendu jusqu’au 10 mars. Ankara a en outre rejeté tous les accords maritimes chypriotes impliquant Israël et l’Egypte.
Pour «simplifier» ce jeu d’échec, Eni a beaucoup investi dans Blue Steam, le pipeline stratégique représentant un lien entre la Russie et la Turquie. Or depuis 2012, la Turquie menace de revoir les accords commerciaux avec les principaux groupes pétroliers étrangers opérant sur son sol. Si Chypre progresse dans l’exploitation de certains gisements, Ankara pourrait augmenter la pression.
En 2017, le Liban a permis à un consortium mené par Total (incluant également Eni et Novatek) de lancer des explorations dans divers blocs. Mais un des blocs est sur des eaux disputées par Israël et le Liban. Israël a qualifié ces activités de provocations. Le Hezbollah a tout de suite répliqué qu’il pourrait attaquer des plateformes offshores et pipelines israéliens. Si Total découvre du gaz pour le Liban, la tension va encore monter d’un cran
De nouvelles découvertes de gaz ne pourraient qu’envenimer les relations entre les pays concernés. Une situation «explosive» attisée par les intérêts concurrents des compagnies pétrolières américaines, britanniques, italiennes et françaises.
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Crise géopolitique en Méditerranée ?