Il ne suffit pas d'ouvrir un musée. Il faut ensuite le faire vivre. La Fondazione Peggy Guggenheim de Venise, gérée depuis New York pour échapper aux tracasseries italiennes, y arrive remarquablement, même s'il lui faut parfois subir les procès d'une partie des descendants de la richissime Américaine (d'origine suisse). Ses volontés dernières n'auraient pas été respectées. Et tant pis si celles-ci transformaient la collection en mausolée!
Au fil du temps, la Fondazione a donc reçu d'autres œuvres, dont celles rassemblées par les époux Schulhof. Elle a aussi acquis une ou deux maisons, de l'autre côté du jardin, pour aménager un lieu d'expositions temporaires. On y a vu des choses remarquables, la plupart du temps dans le style de Peggy. Il s'agit tout de même de respecter une ligne. Une ligne qui n'est plus ancrée aujourd'hui dans la création contemporaine, mais dans dans le classicisme moderne. Peggy avait tout de même 81 ans quand elle est morte en 1979.
Les années du "boom" économique
Récemment, la Fondazione montrait des «murals» de Jackson Pollock. Aujourd'hui, elle se penche sur l'art italien des années 1960 (celle du «boom» économique) avec «Imagine». Il ne faut pas oublier que Peggy, après avoir fermé sa galerie new-yorkaise en 1946, s'est installée au palais Venier delle Leone (inachevé) en 1949. Elle l'a ouvert au public dès 1952. Cette prospecteuse de talents s'est dès lors investie dans la création italienne, qui avait souvent de la peine à sortir des frontières (à part Manzoni et Fontana). La «dernière dogaresse» a ainsi soutenu nombre de peintres, dont les noms ne sont toujours pas familiers en deçà des Alpes. Domenico Gnoli a failli percer chez nous, mais il a eu le tort de mourir à 27 ans, en 1970.
Qui y a-t-il au murs pour «Imagine»? En bien à part Gnoli, qui occupe une salle avec ses gigantesques peintures montrant des détails de vêtements, le public international fera connaissance avec Mario Schifano, Francesco La Savio ou Franco Angeli! Il découvrira aussi les débuts de Michelangelo Pistoletto, de Jannis Kounellis ou de Mimmo Rotella. Notons au passage que ces derniers s'adonnaient alors à la peinture. Le Grec Kounellis n'avait pas encore découvert «l'arte povera» et Rotella n'avait pas commencé à arracher des affiches, d'une manière artistique, bien sûr.
Il y a donc de l'inédit, si l'on vient de France ou de Suisse. C'est assez bien présenté, dans les limites du possible. Le visiteur sent tout de même que les lieux, bien qu'aujourd'hui dépourvus de fenêtres, sont ceux d'anciens appartements. Il faut faire avec.
Pratique
«Imagine, Nuone imagini dell'arte italiana 1960-1969», Fondazione Peggy Guggenheim, 701-704 Dorsoduro, Venise, jusqu'au 19 septembre. Tél. 0039041 240 54 11, site www.guggenheim-venice.it Ouvert tous les jours, sauf, lundi, de 10h à 18h.
Photo (Mimmo Rotella/Site de la Fondazione Peggy Guggenheim): "Posso?" de Mimmo Rotella, 1965. On sent que Warhol n'est pas loin.
Texte intercalaire.
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VENISE/La Fondazione Guggenheim se penche sur les années 60 italiennes