On parle de fièvre de cheval. A GenèveEnchères, mardi soir, ce serait plutôt un cheval qui a créé lafièvre. Je vous ai déjà parlé du Bénigne Gagneraux(1756-1795), en vous signalant que sa prisée entre 2000 et 3000francs me semblait ridicule. Cette toile, peinte à Rome en 1787devait en obtenir à mon avis dix fois plus. Et bien, je me suis mis ledoigt dans l’œil jusqu'à l'épaule, et j'ai le bras long.L’œuvre, qui mesure 62 centimètres sur 75, aura coûté à sonacquéreur 350 fois l'estimation basse. Le prix au marteau a été de590 000 francs. Ajoutez les taxes de 20 pour-cent, plus la TVA surles dites taxes. On arrive ainsi selon moi à 710 000-715 000 francs.Le tableau n'aurait pas fait plus cher chez Christie's ou Sotheby'sNew York. Il y eut peut-même même réalisé une somme inférieure.Les amateurs ont toujours tendance à surpayer ce qu'ils croientavoir découvert dans une petite maison.
Les choses se sont passéestranquillement. Il y avait des enchérisseurs au téléphone commedans la salle. Olivier Fichot, au marteau, enregistrait calmement lesoffres après avoir signalé que le spécialiste du peintre avaitconfirmé l'autographie de l’œuvre, provenant d'une demeure dont Genève Enchères disperse aujourd'hui le contenu. Tout se passait entre gens debonne compagnie dans cette entreprise familiale où l'on sert le café et desbiscuits. Aucune excitation. Le tableau se contentait juste demonter, monter, monter. Quelques applaudissements, mais polis commepour un concert de musique classique, ont salué le résultat. Et lecommissaire priseur a enchaîné, comme si de rien n'était. Il luifallait pourtant revenir sur terre. Le lot 203 qui succédait auGagneraux, était une vaste toile anonyme des années 1800représentant un maréchal ferrant. Peut-être anglaise. Mais à coupsûr tout aussi bien peinte. Les mises se sont ici arrêtées à 1800francs au marteau...
Une carrière italienne
Que dire du Gagneraux, faisantcomme par hasard la couverture du catalogue des vacations de décembreà Genève Enchères? Qu'il s'agit d'un beau portrait de cheval,comme le peintre dijonnais, dont toute la carrière s'est réaliséeen Italie, en a produit un certain nombre. Peut-être l'a-t-il réalisé àl'intention de clients anglais venus faire leur Grand Tour.J'ajouterai que ce tableau reste assez sale. La chose vaut cependant mieux qu'unnettoyage à l'Ajax comme en font certains réalisateursanglo-saxons. Je terminerai en disant que ce camaïeu de bruns resteassez austère. Mais l’œuvre s'inscrit ainsi dans un genre. Jevous ai du reste signalé la récente exposition du Musée de lachasse et de la nature à Paris organisée autour de la CollectionMellon. L'Américain adorait ces peintures équestres, comme leGenevois Agasse en réalisait au début du XIXe siècle enAngleterre.
Gagneraux demeure cependant connu pourses tableaux historiques, mythologiques ou allégoriques. Il s'envoit un certain nombre au Musée de Dijon, dont les salles consacréesau XVIIIe me semblent en bien mauvais état. Le Musée d'art etd'histoire de Genève présente de manière presque permanente l'unde ses chefs-d’œuvre, «Le Génie de la paix arrêtant les chevauxde Mars» (1794). Encore des chevaux... Une grande rétrospective aété consacrée il y a bien longtemps à l'artiste bourguignon.C'était en 1983. Elle avait alors fait étape à Dijon et à Rome.
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Un portrait de cheval de 1787 adjugé 350 fois son estimation basse chez Genève Enchères
Signée par le Bourguignon d'Italie Bénigne Gagneraux, l'oeuvre a obtenu 590 000 francs au marteau. Il faut ajouter les taxes de 20 pour-cent et la TVA. Il s'agit d'un beau tableau assez austère.