
Vous l’avez tous vus petit. Ou presque. L’enfant de profil avec la coupe au bol figurant au milieu de «L’élu» de Ferdinand Hodler, c’est lui. Dans les différentes versions du tableau (le peintre avait tendance à dupliquer), le bambin nu se retrouve entouré de dames gravement vêtues de chemises de nuit bleues, avec des ailettes dans le dos. Une élection reste tout de même une chose sérieuse! Vous connaissez donc Hector Hodler, né en 1887 d’une incartade du maître avec Augustine Dupin.
Hector fait aujourd’hui l’objet d’un livre pour lui tout seul. Dirigé par Marine Englert et paru aux éditions Notari, l’ouvrage s’inscrit dans une collection Hodleriana, créée par Niklaus Manuel Güdel. Il s’agit de son volume V. On imagine du reste mal autrement, sauf pour une publication universitaire, un livre sur Hector, précocement disparu deux ans après son père en 1920. Il semble ainsi douteux que sa demi sœur Paulette, née près de trente ans après lui, fasse un jour l’objet d’une telle monographie. A tout prendre, il me semblerait plus intéressant, côté dames, de se pencher sur Berthe Jaques, épouse Hodler. Décédée dans les années 1950, la veuve reste un personnage insaisissable, existant presque en marge des liaisons de son époux. Elle se situe comme en creux dans son œuvre, même si elle lui a souvent servi de modèle.
Un pacifiste né
Qu’a donc fait Hector de sa courte existence? Eh bien finalement beaucoup de choses! Le Genevois aura été pacifiste dans les années 1910, à un moment où la guerre menaçait, puis faisait rage. Il s’est surtout démené, mais les deux choses semblent finalement liées, pour la propagation de l’espéranto. Si les humains pouvaient mieux se comprendre, ils s’entendraient sans doute harmonieusement. L’homme a beaucoup donné de sa personne, avant de s’éteindre comme bien des membres de la famille Hodler de la tuberculose. Après s’être mis dès 1903 à l’espéranto, créé en 1887 (l’année de sa naissance!) par le Polonais Ludwik Lejzer Zamenhof, il fonde en 1908 à Genève L’Association universelle consacrée à cette langue artificielle. Il a alors 21 ans. Il en deviendra le président dix ans plus tard. A sa mort, elle héritera d’un quart de sa fortune, le reste allant à sa veuve… et à Berthe.

"L'élu", avec Hector enfant au milieu. Photo DR.
Il faut évidemment beaucoup s’intéresser à l’espéranto, qui a repiqué du vif depuis la naissance d’Internet, pour prendre de passion ce destin brisé. L’idée était pourtant généreuse, comme cet homme venu à la politique après la grève de 1902 ayant secoué Genève. C’était l’espoir d’un parler universel qui ne soit pas impérialiste, comme le latin hier et l’anglais aujourd’hui. Il y avait là de l’idéalisme, refroidi par la guerre de 14-19, mais réchauffé par la création de la Société des Nations (SDN) en 1919. Hector n’a hélas pas vu cette dernière s’installer à Genève, où son existence inter-gouvernementale restera hélas assez chaotique.
Quatre essais
L’ouvrage se révèle comme il se doit bilingue. Français sur les pages de gauche. Espéranto sur celles de droite. Les quatre essais composant l’ouvrage (que complète une anthologie de textes dus à Hector Hodler) apparaissent solides. Lisibles. Un brin austères, tout de même. Comme avec les anges femelles de «L’élu», nous restons ici dans le domaine du sérieux.
N.B. Hector peignait aussi un peu, dans la lignée de son père. La couverture s’orne ainsi d’un autoportrait.
Pratique
«Hector Hodler, Une posture pacifiste», sous la direction de Marina Englert avec des essais de Charles Heimberg, Christian Lavarenne et Ulrich Lins, aux Editions Notari, 231 pages.
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Un livre a paru sur Hector Hodler, le fils de, qui voulait propager l'espéranto
Hector Hodler (1887-1920) est né d'une liaison du peintre. Il s'est passionné jeune à Genève pour les questions sociales. Une langue universelle s'imposait.