Un homme d'affaire a oublié un Tanguy à l'aéroport de Düsseldorf. Poubelle!
L'affaire finit cependant bien. Les nettoyeurs ont retrouvé à temps le tableau dans leur déchetterie. L'histoire n'est pas unique. Elle se termine parfois extrêmement mal.

L'inspecteur de police Michael Dietz et le tableau.
Crédits: Police de Düsseldorf.Tout est bien qui finit bien. Le 27 novembre, un homme d’affaires se présentait au comptoir de l’aéroport de Düsseldorf. Il était sans doute préoccupé. Le voyageur a en tout cas laissé traîner un colis. Il s’est rendu compte de la chose au moment de prendre son avion pour Tel-Aviv. A sa place, j’aurais pris le suivant, même si ces gros oiseaux se font rares en ce moment. Le paquet contenait en effet un tableau d’Yves Tanguy estimé 247 000 euros. Un prix finalement raisonnable pour une œuvre de ce calibre.
Arrivé en Israël, notre distrait a immédiatement contacté Düsseldorf. Son bien n’avait pas été considéré comme un colis perdu. Il avait tout bonnement été jeté. Le propriétaire du Tanguy a alors contacté en Belgique un de ses neveux, qui s’est occupé d’enquêter. Arrivé à Düsseldorf, ce dernier a remué Ciel et Terre pour que le service de nettoyage regarde s’il ne pouvait pas par retrouver le paquet. Tout a été passé au peigne fin dans les piles de déchets. Et tout à coup le paquet s’est retrouvé intact au milieu de vieux papiers! Le tableau a donc pu se voir remis à l’homme d’affaires, qui a j’espère eu le geste financier s’imposant.
Un Turner dans le métro
Comment la chose est-elle possible? Mystère. Il ne s’agit pourtant pas d’un tableautin. Sans son cadre (et il n'en avait visiblement pas), le Tanguy mesure 40,6 centimètres sur 70. Il ne s’agit pas d’un cas unique, et je quitte ici la recension de la presse spécialisée. Je connais l’histoire d’un employé de Christie’s ayant égaré une aquarelle de Turner dans le métro londonien. Elle aussi a été retrouvée. En France, il a disparu je ne sais où un cartable plein de dessins originaux de Tardi. Là les œuvres ont été restituées, mais sans leur emballage. Une chose qui incite à rester modeste, avait déclaré le bédéiste.
Tout ne se termine pas aussi bien. A la fin d’une exposition de tapisseries anciennes qui s’est déroulée en Suisse romande durant l’été 1997, plusieurs précieuses tentures ont été imprudemment roulées dans de gros sacs poubelles. Vous devinez la suite. Ces chefs-d’œuvre des lissiers romains du XVIIe siècle ont été détruits. La presse en avait parlé à l’époque. Je n’ai retrouvé aucune trace sur Internet de cette fâcheuse histoire. J’ai une seule preuve. Les tapisseries ne figurent plus dans le catalogue de l’institution propriétaire consulté par mes soins, alors que l’une d’elles servait encore d’affiche en 1997. Voilà ce qui s’appelle de l’omerta, ou de la lacune qualifiée...