Les nouvelles vont vite dans un mondeconnecté. Surtout s'il se trouve des gens pour avoir les bonnesréactions. L'article est sorti dans le «New York Times» le 21janvier, sous la plume d'une chroniqueuse de mode. La fiche del'artiste sur Wikipedia a été modifiée le lendemain. Etaujourd'hui 24 janvier un compte-rendu paraît dans «Le Figaro»,toujours sensible au patrimoine. Je peux donc vous raconterl'histoire, en y ajoutant un ou deux points.
Des travaux étaient en cours au 4, ruede Marignan, une artère qui part des Champs-Elysées parisiens. Ils'agissait de créer une nouvelle boutique Oscar de La Renta, lecouturier américain d'origine dominicaine étant décédé enoctobre 2014. Mais comme vous le savez bien, un nom rentable ne meurtde nos jours plus jamais. Les travaux avaient été confiés àl'architecte Nathalie Ryan. Ils allaient bon train. Tout àcoup est apparu un plafond armorié. Puis un tableau, caché derrièreune cloison. Et non des moindres! L’œuvre mesure six mètres delarge sur trois de haut. Aucun cadre. Mais une signature et unedate. Il s'agit d'une toile d'Arnould de Vuez exécutée en 1674.Elle représente, on l'a appris depuis, «Le marquis de Nointel entrantà Jésusalem». Le peintre a accompagné Charles MarieFrançois de Nointel en 1670, quand ce dernier est devenu ambassadeurauprès de la cour ottomane à Constantinople.
Le dédain dû à la province
Arnould de Vuez (1644-1720) n'estjamais devenu une star de la peinture française. «C'est normal»,m'explique sa spécialiste Barbara Brejon de Lavergnée. «Il n'a pasfait carrière à Paris. Louis XIV l'a envoyé à Lille, quelquesannées après avoir conquis la ville flamande en 1667 (1). Il y aexécuté quantité de choses pour les églises et des couvents.Elles se trouvent aujourd'hui au Musée des beaux.arts,essentiellement dans les réserves. L'histoire de l'art tend à neretenir que ceux ayant travaillé dans la seule capitale, même si lesgrandes cités provinciales conservaient alors encore un rôleconsidérable dans la création française.» Arnould, qui avaitaussi été à Venise, a ainsi amené une nouvelle manière italiennedans les Flandres alors dominées par l'héritage de Rubens.
Si l’histoire de l'art et l'histoiretout court se retrouvent enrichies, il n'en reste pas moins desmystères. Comment cette toile gigantesque est-elle arrivée là etquand? La rue de Marignan n'a en effet été percée qu'en 1858.Quant à l'immeuble où la boutique Oscar de La Renta va prendre unpeu retard, il date de 1910... Cela dit, on a bien retrouvé aux murs de la suite de Coco Chanel au Ritz, un admirable Charles Le Brun, exécuté à la même époque. Personne ne s'était jamais donné la peine de le regarder vraiment. La peinture a finalement été acquise fort cher par le Metropolitan Museum of Art de New York.
(1) Son gouverneur fut en 1672 uncertain d'Artagnan.
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Un colossal tableau du Grand Siècle découvert à Paris derrière une cloison. Pourquoi lui? Et là?
Les travaux amenant à la création d'une boutique Oscar de La Renta rue de Marignan ont mis au jour une toile historique d'Arnould de Vuez mesurant six mètres de large. Le mystère plane.