Il est toujours bon de faire unecitation. Elle prouve à la fois l'étendue de votre culture et celle devotre mémoire. Dans le pavé consacré à l'exposition de l'Arianasur Gustave Revilliod, la conservatrice Anne-Claire Schumacherécrivait ainsi dans sa conclusion: «Malgré quelquesinterpellations de politiciens, doutant de la pertinence d'un «muséede la tasse à thé» au sein du quartier des organisationsinternationales, alors que l'espace conviendrait parfaitement pourmettre sur pieds de prestigieuses réceptions pour les chefs d'Etaten visite dans la cité de Calvin, l'Ariana bénéficie d'une solideréputation sur le plan national et international, tant pour laqualité de ses collections que par l'impressionnant écrin qui lesmet en valeur.» Une opinion que je partage, en allant bien plus loinqu'elle. Il m'arrive parfois de me demander ce que certainesorganisations internationales viennent foutre ici. Près de Gustave Revilliod. On a comme celaparfois des pensées hérétiques...
Est-ce pour donner du corps à sonpropos? L'Ariana présente aujourd'hui des «Théières en goguette».Il s'agit là d'une présentation assez longue. Nous sommes quelquepart entre l'exposition et le semi-permanent. Depuis plusieursannées, l'institution genevoise a décidé de ne pluslaisser sempiternellement la verrerie Art Nouveau dans les vitrinesen forme de capsules faisant le tour de la galerie surplombant legrand hall, au premier étage. Une présentation de pièces issues dufonds prend sa place pour environ un an. Il y a ainsi eu de lacéramique genevoise du XXe siècle, du verre Art Déco deSaint-Prex, des «assiettes parlantes» et une carte blanche auphotographe Nicolas Lieber. Cette fois, c'est Hélène de Ryckel,responsable de la médiation culturelle, qui a eu droit à uneinitiative. S'agit-il d'une grande buveuse de thé? Je l'ignore.Toujours est-il qu'elle a cherché dans les réserves quantité dethéières. Un objet mondialisé depuis le XVIIIe siècle.
Au départ, la Chine
La théière n'a pas existé de touteéternité. Telle que nous la connaissons, elle a fait son apparitionen Chine, ce qui peut sembler logique. C'était au début du XVIesiècle, sous la dynastie de Ming. L'actuel panorama refaitl'historique de cet objet en forme de boule. Au départ, il conservait une petite taille. On rallongea d'ailleurs longtemps le précieuxbreuvage avec de l'eau chaude. Car le thé a vite conquis le monde.Oh, pas complètement! De nos jours encore, il subsiste les pays oùil reste majoritaire et ceux où il n'existe que via le tourisme.L'Angleterre demeure ainsi le pays à thé, même si le café y a fitune fulgurante progression depuis trente ans, tandis que l'Italie nes'y est jamais vraiment mise. Autrement, que serait la littérature russe sanssamovars? La Turquie sans «çay»?L'Inde sans «chai»? On ose aussi espérer que les Etats-Unisgardent une certaine affection pour cette boisson. N'oublions pas la guerre d'Indépendance a commencé en 1773 à Boston à cause d'unetaxation sur le thé, et que les Républicains les moins modéréstiennent régulièrement leurs «Tea Parties»! Des parties à mon avis plutôtalcoolisées.

Les vitrines sont petites, etfinalement étroites. Tout ne saurait y entrer, surtout enprivilégiant une certaine harmonie. Hélène de Ryckel y acependant trouvé de la place pour des productions très diverses. Ily a les locales et les exotiques. Les anciennes et lescontemporaines. Les fonctionnelles et celles qui le sont moins. Commetoujours, avec un objet aussi typé, il s'est trouvé des artistes etdes manufactures pour sortir au propre du moule. Des Chinois ontainsi imaginé il y a longtemps une paire de théières en forme decerf. Une des innombrables manufactures allemandes de porcelaine duXVIIIe siècle a osé un objet fou qui a l'air en bois et qui se voitsurmonté de petits animaux. Wedgwood a tenté un peu plus tard dansle Staffordshire britannique de produire une théière à l'antique. Une opération périlleuse. Sauf dans un album des aventuresd'«Astérix», les Anciens n'ont en effet jamais bu de thé!

Agréable, l'exposition se devait detrouver un prolongement dans des animations. Il y a bien sûr lesvisites guidées. Elles iront de l'art de préparer le thé en Chineà une cérémonie du thé tout ce qu'il y a de plus japonaise. Il yaura même du 22 février au 1 er mars 2020 un salon dethé. «Aux mille Pins» d'Emiko Okamoto va se déplacer, ce qui peutsembler logique. Beaucoup de ces manifestations ponctuellesrequerront une réservation, avec un nombre de places limité. Jevous renvoie au site de l'Ariana.
Pratique
«Théières en goguette», Ariana ,10, avenue de la Paix, Genève, jusqu'au 13 septembre 2020. Tél. 022418 54 50, site www.ariana-geneve.ch Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
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Tea time! L'Ariana genevois a sorti pour un an les théières de ses réserves
Semi permanente, l'exposition occupe les vitrines de la galerie du premier étage. L'occasion de raconter une histoire de boisson débouchant sur un modèle céramique.