C'est une figure de l'art contemporain créée par le grand public. Une fois n'est pas coutume. Ousmane Sow est mort jeudi 1 er décembre à Dakar. «Il emporte avec lui rêves et projets que son organisme trop fatigué n'a pas voulu suivre», a déclaré sa famille. Une jolie formule. Il faut dire que la carrière du Sénégalais a commencé sur le tard, à 50 ans. Jusque là cet ancien kinésithérapeute, établi en banlieue parisienne puis au pays, détruisait ses œuvres au fur et à mesure. Il faut dire que la sculpture, ça prend de la place. En plus, Sow avait tendance à voir toujours plus grand que nature.
L'homme restait presque un inconnu au moment où la Ville de Paris a décidé de présenter ses guerriers Massaï et ses Indiens (d’Amérique) sur le Pont des Arts, passerelle piétonnière jetée entre l'Académie française et le Louvre. A la surprise générale, l'exposition, gratuite, avait attiré (environ) trois millions de visiteurs. De quoi réviser certaines idées reçues sur la création actuelle. Sow avait ensuite été invité partout, même si nombre d'institutions académiques comme Beaubourg ou le Palais de Tokyo le snobaient. En son temps, Genève lui a ainsi commandé une statue illustrant les métissages. Elle a été installée en 2008 au haut de la rue du Mont-Blanc.
Une invisible maturation
Né le 10 octobre 1935, Sow est fils de comptable. A l'école, en France, il taille déjà des figurines dans des morceaux de calcaire. Il revient au Sénégal après l'indépendance, en 1960. Sa maturation reste invisible. C'est en 1987 que le Centre culturel français de Dakar lui voue une première exposition. Un succès. Sow se voit invité à la Documenta de Kassel en 1992. Trois ans plus tard, il participe au Palazzo Grassi de Venise à la Biennale du centenaire, montée par Jean Clair. Le directeur du Musée Picasso entend y montrer que le XXe siècle a aussi été celui de la figuration, d'où quelques tempêtes dans des verres d'eau. C'est l'événement qui l'a propulsé sur le pont des Arts.
Sow était un homme brillant. Drôle. Critique. Désarçonnant pour les tiers-mondistes. Il refusait en toute victimisation post-coloniale de l'Afrique. Pour lui, les solutions devaient être trouvées à l'endroit des drames, c'est à dire sur place. Les gouvernants africains étaient largement responsables de l'état de leurs pays. Son art se voulait du coup simple. Lisible. Sow a ainsi fait passer ses messages à travers un style classique, parfaitement maîtrisé. Grand technicien, le Sénégalais travaillait sur une armature de fer, de paille et de jute avec une mixture personnelle, macérée durant des années. L'artiste n'utilisait pas de modèle. Tout sortait de sa tête. «Je peux me bander les yeux et créer un corps humain de la tête aux pieds.»
Photo (AFP): Ousmane Sow il y a quelques années. Un autodidacte sacré par le public.
Texte intercalaire.
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SCULPTURE/Révélé sur le tard, le Sénégalais Ousmane Sow est mort