On connaissait l'artiste, vue notamment chez Alice Pauli à Lausanne. Ou alors la créatrice de livres. Voici la commissaire d'exposition. Catherine Bolle a repris au pied levé Bex & Arts. Je vous ai dit le bien que je pensais de son édition 2017 (voir une case plus haut dans le déroulé). Comment y est-elle parvenue? Le dialogue est ouvert.
Catherine Bolle, les présentations, pour commencer. - Je suis une personne pratiquant les arts visuels, peinture, sculpture, gravure... Un spectre large. J'exerce volontiers ma pratique dans un cadre architectural. Je pense notamment au Swiss Convention Center à Ecublens, pour lequel j'ai travaillé quatre ans en partant des notions de lumière, d'énergie et de couleur.
Vos attaches avec Bex. - Je suis née à Lausanne, mais j'ai grandi à Bex. J'y vis en partie. J'y ai ma maison. Pour revenir à mon parcours, avant de me lancer dans les arts plastiques, j'ai suivi une filière scientifique avec un apprentissage de laborantine en physique, puis de technicienne en génie chimique. J'ai pratiqué dix ans. J'ai adoré. Mais je produisais déjà en parallèle mes premières œuvres. J'ai beau être deux personnes, il m'a fallu choisir. J'ai alors fait à Sierre un master sur «les arts visuels dans la sphère publique». Ma voie a définitivement bifurqué.
Vous avez donc suivi Bex & Arts dès le début. - Oui. Cela fait maintenant une trentaine d'années, mais je n'ai jamais été invitée à y exposer. En voir les différentes éditions, qui ont en tout présenté quelque 650 pièces, m'a formé un goût. Les créations proposées ont fini par me faire accepter des choses que je ne comprenais pas au départ. Je me suis même mise à la sculpture pour mieux les comprendre. J'ai ainsi partagé les options des organisateurs, avec en tête Nicolas Raboud. L'homme incarne Bex & Arts, même s'il s'est aujourd'hui distancé de cette manifestation. Nicolas est un homme qui a voulu, et qui a su s'arrêter.
Une nouvelle équipe lui a succédé. - Noemie Enz et Jessica Schupbach. Elles ont jeté l'éponge après deux éditions que j'ai trouvées très intéressantes. Bex & Arts est une triennale, ce qui me semble une périodicité bien suffisante pour une présentation de sculptures suisses. Noemie et Jessica ont su trouver leurs marques, avec ce qu'il faut de controverses. C'est toujours bon signe de se voir contesté. Mais deux moutures leur ont semblé suffisant. Elles se sont séparées et le temps a passé. La direction artistique restait vacante.
C'est là que vous êtes arrivée. - On est venu me chercher en janvier 2016. Il restait peu de temps pour mettre des choses sur pieds. J'ai demandé quinze jours de réflexion. Puis j'ai soumis un projet au comité avec une demande instante, celle d'être responsable de deux éditions. Il fallait aller au-delà de l'opération Dermaplast, même si le sauvetage actuel s'est bien passé quand on pense à la vitesse avec laquelle tout s'est fait.
Il y a le temps. Il y a l'argent. - Oh, très peu d'argent! Juste de quoi aider les artistes. Nous avons des donateurs annuels, en plus de nos appuis officiels et privés. Il fallait les fédérer autour d'un thème. J'ai pensé à l'énergie dans la mesure où le courant électrique traverse souterrainement le Bas-Valais pour arriver à Bex, avec les millions de volts des barrages. On baigne ici dans le courant. Je garde aussi la mémoire du projet, contre lequel j'ai beaucoup lutté dans ma jeunesse, d'un dépôt de déchets moyennement radio-actifs sous la colline du Montet. Et dans un genre plus archaïque et réduit, nous avons une marmite glacière. «L'énergie» s'imposait donc.
Comment, après avoir convaincu, avez-vous choisi les artistes? - Vous avez raison de parler d'invitations. Il n'y a pas de concours à Bex, ce qui change les rapports humains. Personne ne tranche. J'ai donc envoyé des lettres, après m'être parfois fait conseiller. Je n'aime pas travailler seule. Je voulais aussi ouvrir la manifestation à des nouveaux-venus. Il sont 70 pour-cent au final! J'ai incité des artistes à me soumettre des projets, que nous réaliserions si la chose se révélait possible, de manière simple et sans trop de dépenses. Cela dit, Bex s'adresse à des créateurs ayant déjà un bagage avec eux. Une notoriété réelle. Des expositions. Des publications, parfois. Ce n'est pas une rampe de lancement. Rien à voir avec une présentation des travaux de boursiers.
Aviez-vous en tête un éventail diversifié? - Oui. Il faut représenter l'ensemble du pays. Bex & Arts possède une importance nationale. Il convient de refléter la pyramide des âges. Le plus jeune participant a 28 ans, le doyen 84. Il est bon de faire se côtoyer des gens qui souvent s'ignorent. Et puis, bien sûr, Bex doit accorder une large représentation aux femmes. Il y en a finalement moins que prévu, dans la mesure où deux se sont finalement désistées. Je trouvais bon d'avoir aussi des représentants d'autres disciplines au départ, comme le créateur de meubles Yves Boucard ou Umberto Maggiori, qui reste pour moi le créateur de la revue «Trou». A côté du passeur, Bex montre ici l'artiste.
Il y a moins de monde que d'habitude. - L'idée de épart était 33 participants. J'aimais bien le chiffre. Bex est monté jusqu'à 80, vous savez. C'est cette fois l'autre extrême, puisqu'il n'y a aujourd'hui que 31 sculpteurs en tout. J'y ai ajouté un FabLab, qui fera passer des savoirs. Mon côté scientifique. Nous aimerions que les artistes coopèrent avec lui, et qu'il en sorte si possible quelque chose dans le futur. Nous montrons aussi au public les maquettes des œuvres. Le public découvrira ainsi comment, pour Bex, on communique un projet... qui peut d'ailleurs souvent évoluer.
Catherine Bolle, vous exposez aussi une pièce. - Ce sont les autres membres du comité qui me l'ont demandé.
Photo (DR) Catherine Bolle, graveuse, peintre, sculptrice et cette fois commissaire.
Cet entretien suit le papier, une case plus haut, sur Bex & Arts.
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SCULPTURE/Catherine Bolle renouvelle les participants de Bex & Arts