
L’Ariana genevois abrite l’Académie internationale de la céramique. Cette dernière réunit des artistes vivants. Il peut sembler logique que le musée offre un espace aux potiers d’aujourd’hui. Ce dernier a été pris, il y a déjà bien quelques années, sur les salles permanentes du premier étage. L’espace n’apparaît pas illimité dans le bâtiment construit par Gustave Revilliod à la fin de XIXe siècle. Je soupçonne d’ailleurs la directrice et la conservatrice actuelles de rêver d’une belle annexe réservée aux productions contemporaines. L’ONU, sous le nez du musée, serait parfait dans le genre, bien qu’à mon avis un peu trop grand…
Mais trêve de plaisanteries! Le premier étage abrite aujourd’hui des «Pièces à problèmes». Robert Dawson, né en 1953 à New York, et Richard Slee, un Londonien de sept ans son aîné, se sont inspirés pour le titre d’un «compactus» de l’Ariana. Il s’agit de celui où sont rangées les pièces en attente d’une nouvelle attribution plus sûre. Leur identité provisoirement flottante permet ainsi aux duettistes (ils exposent souvent ensemble) de proposer des réalisations jouant avec le matériau et les sources d’inspiration. Slee serait plutôt un Monsieur Objets. Il les invente en combinant volontiers la céramique avec le bois, le latex, le métal et Dieu sait quoi encore. L’homme crée ainsi pièces «inutilitaires», car inutilisables. Que voulez-vous faire avec une hache dont le tranchant serait fait de faïence moulée, je vous le demande?
Surfaces décoratives
Robert Dawson, qui a grandi dans notre ville, donne lui des tableaux. Mais pas n’importe lesquels! L’homme travaille avec des chablons. Leurs orifices laissent passer un enduit argileux, coloré ou non, qui se verra fixé au mieux sur la toile. Pour ce qui est des motifs, l’artiste s’inspire de détails observés dans des bâtiments plutôt anciens. Une grille d’aération de l’Ariana peut ainsi l’interpeller, tout comme la mosaïque de la terrasse Sud. Il y a bien sûr quelque chose de conceptuel dans cette démarche. Mais pour une fois sans prise de tête. Le résultat donne une vraie surface décorative. Rien de trop grave donc si le spectateur a perdu le mode d’emploi. Il n’y que le rapport avec la céramique qui peut paraître loin de l’évidence.
Voilà. Il restait à marier les deux compères. L’un se retrouve sur les grandes tables métalliques servant de présentoirs. Il y a notamment pour Richard Slee une suite de quatorze cygnes blancs au bec de latex. Certains tiennent de l’escargot, d’autres du coquillage et les derniers du lavabo. Plus des curiosités, dont le bouquet de jonquilles formé de becs de canard. Robert Dawson s’est comme de juste vu attribuer les murs. Des QR se sont vus associés pour lui aux cartels. Le visiteur peut ainsi retrouver les sources d’inspiration de l’homme. Il y a des QR partout maintenant, même s’il ne faut en montrer (encore) aucun à l’entrée des musées helvétiques…
Pratique
«Pièces à problèmes, Robert Dawson et Richard Slee», Ariana, 10, avenue de la Paix, Genève, jusqu’au 9 janvier. Tél. 021 518 54 50, site www.musee-ariana.ch Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
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Robert Dawson et Richard Slee exposent leurs "Pièces à problèmes" dans l'Ariana genevois
L'Américain et l'Anglais détournent la céramique à leur profit. L'un crée d'improbables objets, tandis que l'autre enduit d'argile ses tableaux au pochoir.