
Tout a repris. Du moins pour le moment. Une raison de plus pour profiter de l'instant présent. Je vais donc vous rappeler une quinzaine d’expositions à voir en Suisse. Tout s’y passe d’une manière simple, sans réservations obligatoires. Les amateurs de complications peuvent tester l’Espagne, où les musée restent ouverts, ou le Portugal, qui vient de libérer les siens. En Italie, c’est terminé. En France, les choses ne semblent pas sur le point de repartir.
J’ai vu toutes les manifestations proposées. Le choix exclut donc ce qui se passe au Tessin. Un canton de toute manière aussi bondé en ce moment qu’on peut le demeurer avec des «gestes barrières». J’ai bien sûr éliminé ce que je n’aimais pas beaucoup. Il fallait restreindre la sélection qui aurait aussi bien pu comprendre la Maison d’Ailleurs d’Yverdon-les-Bains, le Centre d’art contemporain et le Musée Barbier-Mueller de Genève, le Kunst Museum de Winterthour ou le Zentrum Paul Klee de Berne. Sur ce, mettez votre masque. C’est parti pour un tour!
Aarau
Kosmos Emma Kunz. Morte en 1963, cette autodidacte demeurait alors parfaitement inconnue. Guérisseuse, elle avait parallèlement développé un dessin au pendule, qu’elle traçait d’un geste sûr. Sous dictée. C’est Harald Szeemann qui a plus tard révélé l’Argovienne lors d’une Biennale de Venise. Emma se retrouve confrontée au Kunsthaus avec une dizaine de créateurs (et surtout de créatrices) contemporains. C’est très bien (jusqu’au 24 mai, www.aargauerkunsthaus.ch)
Bâle
Sophie Taeuber-Arp. Les Suisses la connaissent grâce à un vieux billet de 50 francs. La Grisonne connaît sa rétrospective, qui devrait ensuite aller à Londres et à New York. Conçue et mise en scène par Eva Reifert, c’est une réussite du Kunstmuseum montrant aussi bien les arts décoratifs que la peinture de l’artiste, morte en 1943. Les amateurs peuvent poursuivre par Aarau qui dévoile au Kunsthaus une centaine de photos inédites de Sophie (jusqu’au 20 juin, www.kunstmuseum.ch)
Sophie Taeuber-Arp enfin mise en valeur! Photo Kunstmuseum, Bâle 2021.

Rodin-Arp. Jean Arp, le mari puis le veuf de Sophie, se voit confronté au maître de la sculpture française de la fin du XIXe siècle. Il s’agit d’une idée de Raphael Bouvier à la Fondation Beyeler. C’est comme toujours ici très luxueux, avec des prêts venant de partout. Reste que les deux artistes n’ont pas grand-chose à se dire. Les analogies invoquées ne se révèlent guère convaincantes. A voir pour les œuvres elles-mêmes, indépendamment du discours (jusqu’au 16 mai, www.fondationbeyeler.ch)
Berne
Œuvres de la collection. Le Kunstmuseum bernois a trop sacrifié aux expositions contemporaines. Sa collection moderne se situe en effet au «top niveau». C’est moins abondant qu'à Zurich ou à Bâle, mais il y a là des morceaux qu’on verrait bien à Beaubourg ou à la Tate. Cent quarante toiles se retrouvent mises en valeur, de Hodler à Mondrian et de Macke à Pollock. Une partie d’entre elles n’avaient plus été vues depuis très longtemps (jusqu’au 30 mai, www.kunstmuseumbern.ch)
Genève
Inventaire. Le Mamco se penche sur son fonds, qui a cru de manière exponentielle depuis son ouverture en 1994. Le choix, qui remplit le musée, a été fait de manière un peu thématique par un quintet composé de Sophie Costes, Françoise Ninghetto, Paul Bernard, Lionel Bovier et Julien Fronsacq. Cet ADN reflète un goût marqué pour le minimalisme et les courants un peu marginaux. Il y a aussi là une certaine méfiance vis-à-vis de la figuration (jusqu’au 20 juin, www.mamco.ch)
Le Mamco dresse son inventaire. Photo Annik Wetter, Mamco, Genève 2021.

Chrysanthèmes, dragons et samouraïs. L’Ariana conserve plus de 800 exemples de céramique japonaise classique. Les plus anciennes remontent au XVIIe siècle. La plupart date de l’ère Meiji (1868-1912). Elle correspond à la conquête des marchés occidentaux. Gustave Revilliod, fondateur de l’institution, avait ainsi acquis d’énormes pièces lors d’expositions universelles. Bien mise en scène, l’exposition met en valeur ces extravagances (jusqu’au 9 janvier, www.musee-ariana.ch)
Genèse de l’Empire céleste. Sam et Myrna Myers, deux Américains établis à Paris, ont réuni un prodigieux ensemble de pièces chinoises, avec une prédilection pour le jade. Le choix se limite ici aux premières dynasties. Il part de la préhistoire pour le terminer avec les Han, au IIIe siècle de notre ère. L’ensemble se révèle d’un raffinement inouï avec un mélange de formes simples et baroques. Il faut de tout pour faire un empire, même céleste! (jusqu’au 28 mai, www.fondation-baur.ch)
La Chaux-de-Fonds
Camille Graeser, devenir concret. Né à Carouge, grandi dans l’Allemagne de Guillaume II, Graeser a fait carrière à Zurich. Il a alors passé de la décoration d’intérieur à la peinture. L’homme a beaucoup donné dans cette abstraction dure et froide que les Alémaniques appellent curieusement "concrète". L’œuvre ne se donne que pour la surface plate qu’elle reste. L’hommage du Musée des beaux-arts montre l’artiste face à ses contemporain(e)s (jusqu’au 16 avril, www.chaux-de-fonds.ch/musees/mba)
Camille Graeser, encore pour quelques jours à La Chaux-de-Fonds. Photo Succession Camille Graeser, Musée des beaux-arts, La Chaux-de-Fonds 2021.

Lausanne
Maurice Denis-Amour. Disparu en 1943, le Français a fait partie du groupe Nabi, dont il était l’élément religieux. La peinture sacrée a occupé la fin de sa carrière. En collaboration avec le Musée d’Orsay, Catherine Lepdor s’arrête en 1914. Les principales toiles de cette époque sont là, comme «Les Muses» ou «L’hommage à Cézanne». Notons que le MCB-a s’intéresse depuis longtemps à l’artiste, dont il possède quatre œuvres intéressantes (jusqu’au 16 mai, www.mcba.ch)
Chefs-d’œuvre de la Collections Bemberg. Le musée privé, installé à Toulouse, se retrouve aujourd’hui en travaux. D’où ce voyage collectif, mettant l’accent sur certains noyaux importants. Les portraits français du XVIe siècle. Cranach. Pierre Bonnard. Présentés sur de murs aux couleurs chaudes, l’ensemble reste inégal. Il correspond au goût de Georges Bemberg, un Argentin européanisé, décédé à 95 ans en 2011 (jusqu’au 30 mai, www.fondation-hermitage.ch)
Neuchâtel
Sauvage. Une nouvelle réussite pour le Muséum d’histoire naturelle! La nouvelle équipe s’attaque au thème difficile de la sauvagerie animale. Les bêtes vivant dans un espace libre se font rares face aux poules, aux cochons ou aux vaches. Il y a là énormément d’idées de scénographie pour mieux faire passer le message. Le parcours commence ainsi au premier étage avec une immense salle noire, où le visiteur n’entend que des bruits (jusqu’au 29 août, www.museum-neuchatel.ch)
Soleure
Fritz Baumann, Johanna Fülscher, Otto Morach. Dans son cabinet graphique au sous-sol, le Kunstmuseum illustre les rapports d’un trio alémanique dans les années 1910. Morach et Baumann se sont connus à Paris. Plus jeune, Johanna a été la correspondante de Morach, d’où de superbes cartes postales peintes. Le trio permet d’attendre l’exposition estivale du Kunst Museum de Winterthour sur l’expressionnisme en Suisse (jusqu’au 24 mai, www.kunstmuseum-so.ch)
Vevey
Dürer-Rembrandt, la collection Pierre Decker. Mort en 1967, le Vaudois incarnait ce que l’on appelait «un grand patron» en médecine. Le jardin secret de cet homme était la gravure ancienne. Il n’achetait que Dürer et Rembrandt, dans de somptueux tirages d’époque. Légué à l’Université de Lausanne, l’ensemble a fini au Cabinet cantonal des estampes, déposé au Musée Jenisch. Due à Stéphanie Guex, la présentation est remarquable (jusqu’au 30 mai, www.museejenisch.ch)
Zurich
Alexey Brodovitch. Né en Russie, émigré avec sa famille lors de la Révolution, l’homme s’est fait un nom à Paris dans le graphisme. Nous sommes dans les années 1920. Il va ensuite traverser l’Océan pour devenir le génial directeur artistique de «Harper’s Bazaar» où il bouleversera l’idée d’illustration et de graphisme. Le Museum für Gestaltung a bâti depuis huit ans une collection autour de ce grand des arts appliqués. La voici (jusqu’au 20 juin, www.museum-gestaltung.ch)
L'un des paysages exposés de Gerhard Richter. Photo Gerhard Richter, Kunsthaus, Zurich 2021.

Gerhard Richter, les paysages. Ce caméléon de la peinture, aujourd’hui nonagénaire, a produit de tout. Aux côtés de toiles abstraites, il y a ainsi les portraits, les vanités, les tableaux sociaux… et les vues de campagne. Toujours un peu floues, celles-si sentent la rétro-projection. Cathérine Hug s’est occupée de la version zurichoise de ce qui forme une tournée. La présentation de ces pièces de grand format souffre un peu de l'accrochage tristounet (jusqu’au 25 juillet, www.kunsthaus.ch)
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Que voir en ce moment dans les musées suisses? Voici une quinzaine d'idées sages
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