Jeudi soir c'était les Bains. Il yavait de la pluie, mais personne ne chantait pour autant dessous.J'irai même jusqu'à dire que les galeristes déchantaient. Peu demonde. Il y a sans doute aujourd'hui trop de vernissages communs.Tout ne se révélait pourtant pas négligeable. Voici mon petitchoix.
Thomas Huber chez Skopia
Il se trouve ici presque chez lui.C'est de plus en face du Mamco, qui lui avait offert ses quarantesalles en 2012. A 63 ans, le Zurichois revient chez Pierre HenriJaccaud, où il propose deux séries d’œuvres. D'un côté, il y ales petits formats, avec d'étonnants effets d'aplats, de reliefs etde reflets dans l'eau. De l'autre, des toiles plus vastes, pour un cycleintitulé «Nemi». On sait que les galères de Caligula, couléesdès l'Antiquité mais déjà connues au Moyen-Age, ont été tiréesdes flots sous Mussolini. Le musée qui les abritait a été incendiéen 1944. Les embarcations ne demeurent du coup plus que dessouvenirs. Huber en a souvent fait des sortes de poissons. Ils sontrecouverts non pas d'écailles, mais de nervures, comme des feuilles,ou de veines, à l'instar de mains humaines. C'est spectaculaire etcoloré. Réaliste et fantastique. Lisse et mat. Il y a là de quoifaire rêver. On en a bien besoin (jusqu'au 4 mai, www.skopia.ch )
Morgane Tschiember chez LaurenceBernard
Laurence a sorti le grand jeu dansl'espace qu'elle a hérité de Pierre Huber. Il y a un rideau, desmurs repeints en jaune soleil et une voix un peu monocorde récitantdu Marguerite Yourcenar, ce qui fait toujours très chic. Plus desœuvres tout de même! Leur «Cocktail» est dû à MorganeTschiember. A 43 ans, la Bretonne a déjà un joli palmarès derrièreelle. Elle le doit en partie à son affrontement direct avec lesmatières. Morgane ne fait pas partie des conceptuelles déléganttout à une armée de petites mains. Il y a ici des gouttes de verreet de miel aux tons d'ambre. Des récipients soufflés en mélangeantde manière improbable le verre et la poussière, avec un résultatsemble-t-il instable. Des céramiques ligotées par des cordages, commepour du «bondage» à la japonaise. Des surfaces marbrées servantaussi bien de monochromes muraux que de plateaux de table. Tout celaest fait main. C'est beau, le travail manuel, non? (jusqu'au 4 mai, www.galerielaurencebernard.ch )
Stéphane Kropf chez Joy de Rouvre
Un Kropf peut en cacher un autre. Comme Laurent et Stéphane sont de la même génération (normal, ils sont frères!) et qu'ils viennentde Lausanne, il y a pourtant de quoi s'y perdre. C'est Stéphane, 40ans en 2019, qui se retrouve chez Joy pour une exposition intitulée«All Over, A Lover». N'imaginez pas qu'il y ait là des galipettes!Les pièces exposées se rattachent à un tableau de Giovanni Bellinireprésentant la stigmatisation de saint François d'Assise, quin'était pas un joyeux drille au XIIIe siècle. Le visiteur en reconnaît l'âne ou lehéron, travaillés en une unique spirale comme dans la célèbregravure de Claude Mellan représentant «La Sainte Face». Le pupitre pour écrire debout sort aussi du chef-d’œuvre de la Renaissance,où il créait de savants effets de perspective. Ajoutez encore deuxtoiles vaguement baroques collées au plafond, et nous voici très loin del'ECAL où Stéphane enseigne pour gagner son pain (jusqu'au 27 avril, www.galeriejoyderouvre.ch )
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Que voir dans les galeries? Stéphane Kropf, Thomas Huber et Morgane Tschiember
Il y a de nouveaux accrochages aux Bains genevois. Les trois que je vous propose aujourd'hui se rattachent à leur manière à la tradition, picturale, artisanale ou archéologique.