Je n'y étais pas, mais on m'a raconté. On ne peut pas se trouver simultanément aux Puces du design, à Lausanne Art Fair et à Prangins. C'est là que se déroulait le samedi 6 mai sous tente par l'entremise de Piguet (ex-Hôtel des vente genevois) la dispersion des meubles et objets de Molly de Balkany, dont je vous ai parlé. Une dame au goût tapageur, qui peut sembler hors mode. Le moins qu'on puisse dire est que l'intérieur de la Villa Aigue-Marine correspondait peu au contenu des revues de décoration actuelles, du genre biscuit sec. Ici, c'était vraiment l'opulence d'un autre temps.
Eh bien tout a marché du tonnerre de Dieu! La vente a rapporté 5,45 millions (commissions inclues), soit trois fois et demi les estimations basses, qui me semblaient en effet fort basses. Plus étonnant encore, le 99 pour-cent des lots a trouvé preneur. On est aujourd'hui content, dans certaines maisons, quand on atteint le 60 pour-cent, voire même le 50 de taux de vente. Notons au passage que tout n'est pas fini. Il y aura quelques bijoux de la dame, du genre qui brille, à la vente Piguet genevoise de septembre.
Bataille téléphonique
Quelques objets ont, comme on dit, cartonné. Après dix minutes d'enchères téléphoniques entre un amateur suisse et un autre du sud-est asiatique, «Le banquet d'Achelaos» (lot 544) réalisé au début du XVIIe siècle par deux mains proches de Rubens et de Brueghel d'Enfer a passé d'une estimation entre 40 000 à 60 000 à 873 000 (frais compris), ce qui est gigantesque pour un anonyme. C'est cependant moins fou que la statuette d'ivoire représentant «Laocoon et ses fils» (lot 473). Cette dérivation d'un beau modèle du XVIIe siècle a passé des 5000 à 8000 prévus à 337 000. Notez qu'un «Sacre de Napoléon» (Molly avait une faible pour l'Empire), toujours en ivoire (lot 978), a bien grimpé, lui, des 600 à 800 francs escomptés à 162 200. Du délire quand on pense que les objets en une telle matière ne peuvent plus guère franchir les frontières.
Pour ce qui est des œuvres dont je vous ai parlé, deux chiffres à signaler. La très belle pendule Empire, dans le genre massif, avec des bronzes de Thomire (lot 298) se voyait prisée entre 40 000 et 6 000 Elle en en réalisé 299 600 (frais compris, toujours). Il y avait là trois candidats, un Russe au téléphone, un étranger venu spécialement à Prangins et l'habitant suisse qui a emporté le très lourd morceau. Quant au bassin et à l'aiguière de cinq kilos signés Garrard et datés 1963 (lot 464), ils en a fait 187 200, alors que la prisée se situait entre 100 000 et 150 000. J'ignore qui utilisera ce super lingot pour faire sa petite toilette du matin.
Un succès prévisible?
«Tout était réuni pour créer le succès», m'a soufflé un amateur. Il y avait la vente sur place, l'insertion dans un luxe ancien, le petit nom de la dame et l'événement. «Et en plus, cette région de Prangins, au bord du lac, sue véritablement l'argent.» Comme je vous l'ai déjà dit, Piguet n'organisera du coup pas de vente normale en juin. Le public enchérira en ligne pour des bijoux ou de la maroquinerie de luxe entre le 14 et le 21, après avoir tout de même vu les choses rue Prévost-Martin. Reprise normale avec une série de vacations en septembre.
Photo (Piguet): Le si cher "Banquet d'Achélaos" de l'entourage de Rubens et de Brueghel.
Texte intercalaire.
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PRANGINS/Succès total pour Molly de Balkany, 99 pour-cent des lots vendus!