PHOTO/Vevey décerne son Prix à Christian Patterson
Le Grand Prix international de photographie de Vevey a son lauréat. Il se nomme Christian Patterson. C'est un Américain de 43 ans. On le connaît pour ses projets conceptuels dans le vent, puisque chacun sait que les artistes sont devenus les nouveaux sociologues, les nouveaux philosophes et les nouveaux historiens. Il y a quatre ans, Patterson a ainsi sorti uni livre un peu «trash», qui n'a pas connu moins de trois éditions. «Redheaded Peckerwood» reconstituait une affaire ayant passionné les Etats-Unis de 1958. Un adolescent et une adolescente avaient commencé par exterminer la famille de la seconde, avant de tuer sept autres personnes lors d'une cavale de deux mois.
Son actuel projet, puisque le Grand Prix subventionne en fait une œuvre en devenir, porte sur un autre sujet renvoyant au passé. Christian entend reconstituer dans «Gong Co.» une vieille épicerie du Mississippi qui a récemment fermé. Il en a récupéré du mobilier et photographié tous les produits. Le magasin se verra reconstitué par différents médias lors du prochain Festival Images, prévu du 10 septembre au 2 octobre 2016. «Le projet interroge le consumérisme, l'immigration et le changement social dans les sociétés capitalistes», dit le prière d'insérer. Notons qu'il n'y a pas besoin d'utiliser d'aussi grands mots pour expliquer une réalité aussi simple.
Un jury sous le charme
Le jury, composé de cinq grosses pointures internationales placées sous la direction de James Casebere, a examiné 100 dossiers. Il s'agissait d'un second tour, puisque cette sélection de 100 résumait les 600 dossiers venus de 60 pays. Il 'agit en effet d'un prix convoité, car bien doté:40.000 francs. Les jurés se disent bien sûr ravis de leur choix qui «questionne l'usage traditionnel de la photographie en ouvrant de nouveaux horizons dans ce domaine.» Pardon pour ces platitudes, mais je cite. Quant à Patterson, il se contente de reprendre la phrase de Warhol: «Tous les magasins deviendront les musées et tous les musées deviendront des magasins.» Une affirmation qui a du vrai quand on voit aujourd'hui le mélange des genres. Surtout dans les musées, d'ailleurs.
Texte intercalaire.