PATRIMOINE/La France bâtie ne sera pas empaillée au nom de l'écologie

C'était une effroyable menace sur le patrimoine bâti français, mais nul ne semblait vouloir s'en rendre compte. A part quelques associations, bien sûr. Une loi, applicable dès le 1er janvier 2017, aurait obligé toute rénovation lourde à «empailler» de polystyrène ou produit analogue les bâtiments non protégés au nom de l'écologie. D'aucuns voyaient là un nouveau méfait des «Khmers verts». Comprenez par là ceux qui ont fait de la protection de la Planète une religion, avec tout ce que cela suppose de dogmes, d'intégrisme... et de massacres.
Ministre de l'Ecologie nommée en raison de ses liens privilégiés avec François Hollande, Ségolène Royal ne voulait pas en démordre. Il faudra tout isoler afin d'éviter les déperditions d'énergie. Certains ont expliqué qu'isoler de la sorte des murs reviendrait à faire pourrir les maisons. D'autres ont avancé l'histoire et la diversité des constructions française, le milieu rural étant particulièrement touché. Rien n'y faisait. La politicienne ne voulait pas en démordre, et les protecteurs du patrimoine ne pouvaient guère compter sur la Ministre de la Culture Audrey Azoulay. Celle-ci ne s'est d’ailleurs, à ma connaissance, pas manifestée jusqu'à aujourd'hui.
Une victoire des associations
Finalement, les socitétés de sauvegarde montées au créneau et regroupée dans G8Patrimoine (que dirige Philippe Toussaint) ont réussi à emporter le morceau. S'ils ont peu été relayées par les médias papier, qui voit toujours en elles d'infatigables réactionnaires, ces groupements ont tout de même fait parler en leur faveur quelques voix socialistes, comme Jack Lang ou Martin Malvy. Le 21 novembre, Ségolène Royal, après une plus que mûre réflexion, a envoyé un communiqué. Il disait avoir «trouvé une solution conciliant mieux les exigences de la rénovation énergétique et la protection des bâtiments anciens.» Une victoire saluée immédiatement par le journal en ligne «La Tribune de l'art», un des fers de lance du combat.
En quoi consiste cette victoire de la raison, relayée depuis par «Le Monde»? La liste des édifices astreints à ces peu esthétiques ravalements se verra réduite aux constructions en brique industrielle, en béton, ou en partie métalliques. Et encore y aura-t-il là aussi des exceptions! Il faudra en effet tenir compte du «Label XXe siècle». Les cent ans où l'on aura le plus construit en France. Ainsi semble se voir écartée une décision jugé par les spécialistes plus destructrice que les bombardements subis par la France durant les deux guerres mondiales. Une affaire tout de même à suivre... Il ne faut jamais faire confiance aux politiques.
Photo (AFP): Une maison rurale à colombages en Alsace. Un patrimoine déjà menacé par les temps modernes aurait été cette fois anéanti.
Texte intercalaire.