La guerre des chiffres... Il n'en existe aucuns que les musées proclament à ne pas comporter leur lot de mensonges, ou tout au moins de demi-vérités. Il faut faire plaisir aux sponsors, rassurer les autorités qui subventionnent et ménager ainsi l'avenir. Oui, oui nous avons toujours davantage de public! Chaque gardien passant devant le portique d'entrée devient du coup un visiteur. La directrice d'une institution romande m'a ainsi une fois proposé un jour de me donner «les vrais chiffres», ce qui en dit long sur ce genre de pratiques.
Le Louvre vient donc de communiquer les résultats de son Vermeer, qui s'est terminé le 22 mai. Tout va bien! Il y a eu 529 000 visites (et non visiteurs) entre le maître hollandais et Valentin de Boulogne qui lui faisait face, le billet d'entrée étant conjoint. Les spécialistes restent surpris de lire que le caravagesque français ait été vu par 205 000 personnes, alors que les salles restaient vides. Des hommes invisibles, sans doute, ont passé par là. Mais que voulez-vous! Après le martelage publicitaire et les protestations contre l'organisation cataclysmique de la manifestation, il fallait bien cacher la merde au chat. Mieux que cela. Il convenait à tout prix de prouver que la manifestation avait battu tous les records de fréquentation du musée depuis dix ans. Les 325 000 clients de Vermeer ne suffisaient pas à eux seuls. Le «Raphaël, les dernières années» de 2012, qui restait facile d'accès, en avait totalisé 358 000, comme le rappelait «Le Quotidien de l'art»...
Décompte défavorable
Le décompte de «La Tribune de l'art» se montre encore plus défavorable. Depuis 2003, première année avec chiffres, quantité d'expositions ont fait mieux au Louvre que Vermeer seul. En 2008, Mantegna atteignait les 331 500. En 2009, «Titien, Tintoret, Véronèse, Rivalités à Venise» les 410 238. Ingres, en 2006, avait attiré 379 452 personnes avec le plus haut taux de fréquentation: 5499 visiteurs par jour. Tout cela sans le chaos de la réservation obligatoire, avec des cases horaires que l'institution n'est pas parvenue à respecter. J'ai vu cet Ingres sans mal trois fois. A ces quatre succès, il faudrait encore ajouter celui des dessins et manuscrits de Léonard de Vinci, qui avait inauguré les grandes expositions sous la pyramide en 2003. Il y avait ici eu 322 000 visiteurs, mais en 59 jours seulement, le papier étant par définition fragile.
Alors, comment justifier les conditions inqualifiables de l'exposition Vermeer, que j'avoue ne pas avoir vu, comme bien des amateurs, par découragement?
P.S. L'Accademia ou les Offices de Florence sont coutumiers de ce genre de micmacs. Les expositions de l'Accademia sont en général des fours. Mais comme le «David» figure sur le même billet, toute personne ayant vu le Michel-Ange est supposée avoir parcouru la manifestation temporaire.
Photo (RMN): "L'Astronome" de Vermeer qui appartient au Louvre.
Texte intercalaire.
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PARIS/Vermeer au Louvre a-t-il vraiment été un succès public? Polémique