PARIS/Le Musée d'Orsay s'est offert deux Ferdinand Hodler

Orsay achète. On le sait. Au temps où le musée parisien se comportait comme un aspirateur, son directeur Guy Cogeval avait même organisé une exposition en 2014-2015 sur ses emplettes intitulée «Sept ans de réflexion». En toute modestie. Mais peut-être s'agissait-il là d'un clin d’œil à Billy Wilder et à Marilyn Monroe.
Moins flamboyante, sa successeure Laurence des Cars a rendu publique ses dernières acquisitions. Il y a là diverses choses dont un grand paysage du Suédois Gustaf Fjaestad, histoire de compléter le panorama nordique, et une vraie curiosité, la nature morte exécuté par le grand marchand Paul Guillaume. L'homme pratiquait aussi la peinture. A mon avis, il n'aurait pas dû.
Deux portraits
Les deux gros morceaux sont cependant formés par deux portraits de Ferdinand Hodler. Le jeune Werner Miller, présenté frontalement en pied, s'oppose au visage de l'écrivain Mathias Morhardt, que le Genevois d'adoption a plusieurs fois représenté. Orsay en profite pour dire qu'il possède maintenant cinq Hodler, alors que les musées de province n'en ont aucun. L'institution rappelle également qu'elle s'est intéressée à Cuno Amiet (avec un chef-d’œuvre, «Le grand hiver»), à Giovanni Giacometti ou à Arnold Böcklin. Elle entend «poursuivre dans cette voie suisse». Il lui manque à mon avis un Augusto Giacometti symboliste, un Luigi Rossi, un Albert Welti ou un vrai beau grand Giovanni Segantini. Un peintre ne devient vraiment international qu'au moment où il se voit représenté dans les plus grands musées. Autant dire qu'Orsay ne suffit pas. Il faut la National Gallery, la Tate ou le «Met».
Cela dit, tout cela coûte cher. Un intérieur de Marius Borgaud, peintre que j'ai toujours trouvé sinistre, vient de se vendre le 21 mars 535 000 francs chez Bailly et Beuret de Bâle. Estimation initiale: 40 000 à 60 000 francs. Il n'y en a pas que pour le bling-bling...
Photo (Musée d'Orsay): Le jeune Werner Miller, peint par Hodler en 1899, fragment.
Texte intercalaire.