C'est une exposition dans l'air du temps. Un temps plutôt frais. «Le règne de l'Intelligence Artificielle (IA) peut nous aider autant qu'il menace de s'ériger en maître, réduisant les humains à de simples esclaves au service de la performance», nous dit le dépliant publicitaire. Depuis le 5 avril, le Grand Palais propose en effet à Paris «Artistes & Robots». L'exposition aurait dû passionner les foules. La preuve qu'elles ne sont pas encore totalement conditionnées par l'IA, c'est qu'elles ne se sont pas vraiment déplacées. Je ne leur donnerai pas tout à fait tort.
Montée par Laurence Bertrand-Dorléac, historienne de l'art, et Jérôme Neutres, qui donne dans la culture tout azimut, l'exposition brasse en effet trop large pour ses petits moyens. Il aurait fallu une surface immense, comme celle qui avait été accordée par la RMN-Grand Palais en 2012 à «Dynamo». La totalité des salles s'était alors vue affectée à cette exposition sur la lumière et le mouvement dans l'art du XXe siècle. Ici, les commissaires n'ont reçu qu'une aile. Seule une trentaine de pièces emblématiques (mais monumentales) a trouvé place. Avouez que c'est tout de même un peu riquiqui pour soixante ans de robotisation et d'IA!
Nicolas Schöffer, le pionnier
Le parcours commence avec «Cysp1» du pionnier Nicolas Schöffer, mort en 1992 à 80 ans. Il s'agit d'une sorte d'incunable. Cette installation avait peu marqué les esprits lors de sa première présentation publique en 1956. Son auteur jouait pourtant au prophète. «Un artiste ne créera plus une œuvre, il créera la création.» Jean Tinguely le suit, dans un registre bien sûr plus ludique, avec une grande pièce de 1959. Tout peut dès lors se mettre en place, en suivant trois chapitres. Il y aura «La machine à créer», puis «L’œuvre programmée» et enfin «Le robot s'émancipe». Autant dire que l'on aura passé du bricolage maison aux hypothèses les plus folles. Un ordinateur peut-il penser? Une vieille querelle, puisqu'elle remonte au mathématicien Alin Turing en 1951. Reste que le Britannique est mort mystérieusement en 1954, et que nous en sommes toujours au même point...
Il y a du beau monde dans le parcours, de Nam June Paik à Vera Molnar et de Takashi Murakami à Daft Punk. Des gens moins intéressants aussi. Fallait-il vraiment une Orlan cybernétique, alors que la vraie ne convainc déjà pas tout à fait? La conclusion se veut rassurante. Laurence Bertrand-Dorléac et Jérôme Neutres, qui apparaissent spasmodiquement en images animées verticales, nous disent que l'artiste restera toujours un artiste et l'homme un être humain.
Yverdon fait nettement mieux
Il est alors temps de se diriger vers la sortie en se disant qu'à la Maison d'Ailleurs, à Yverdon-les-Bains, Marc Atallah fait dix fois plus intelligent (et sans rien d'artificiel!) avec dix fois moins de moyens financiers. Les gens observateurs reconnaîtront d'ailleurs au Grand Palais l'une des pièces phares que le Vaudois a présentée il y a quelque temps. Il s'agit de la machine à dessiner d'après nature de Patrick Tresset. Elle interroge ici bien moins le visiteur, qui a tout de même l'impression de se promener dans une sorte de Luna-park robotisé. Peut-être est-ce finalement l'intelligence naturelle qui a manqué.
Pratique
«Artistes & Robots», Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, Paris, jusqu'au 9 juillet. Tél. 00331 44 13 17 17, site www.grandpalais.fr Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 10h à 20h.
Photo (Aldo Paredes/RMN): L'oeuvre immersive de Peter Kogler. L'une des meilleures choses à voir au Grand Palais.
Texte intercalaire.
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PARIS/ Le Grand Palais réunit sans envergure "Artistes & Robots"