
Paris semble redevenu une destination de voyage. Du moins francophone. Des musées encore désertés il y a quelques semaines ont retrouvé un public. J’éviterai juste ici la comparaison avec la Belle au bois dormant. Les visiteurs n’ont en général rien du prince charmant. Manquent donc encore à l’appel les Américains, et surtout les Asiatiques. Là, les retrouvailles s’annoncent plus lointaines. Mais ces gens ont été remplacés par des provinciaux, ce qui n’est après tout pas un mal. La France a trop négligé, pour ne pas dire snobé, ses propres ressortissants. Elle peut bien leur faire pour une fois la fête!
Je vais vous faire une liste des expositions récemment vues à Paris. Il y aura comme de juste les élus et les réprouvés. A chacun ses goûts. Il a déjà été question dans cette chronique de certaines de ces manifestations. D’autres feront prochainement l’objet d’un article individuel. Pour quelques-unes, ce sera en revanche sans doute l’unique mention dans ce que je n’ose plus appeler «ces colonnes». J’ai enfin choisi, comme complément du jour, un petit accrochage en abîme de Christelle Téa à Cognacq-Jay. La dessinatrice a travaillé en 2019 dans les différents musée de la Ville de Paris. Sur ce, accrochez vos ceintures. C’est parti!
Les indispensables
«Botticelli, artiste et designer» au Musée Jacquemart-André. Mort en 1510, le peintre se trouvait à la tête d’un vaste atelier où l’on proposait de tout, comme dans un grand magasin de luxe. C’est du moins l’idée de la commissaire Ana Debenedetti. Elle a réuni des tableaux (autographes ou non), une tapisserie, des broderies ou des dessins. Il y a là beaucoup d’œuvres rares, venues de l’Europe entière. Réservation conseillée. (Jusqu’au 24 janvier, site www.musee-jacquemart-andre.com)
"Palais disparus de Napoléon" aux Gobelins. Une vue des salles, avec ici l'évocation des Tuileries vers 1800. Photo Thierry Chapotot, Galerie des Gobelins, Paris 2021.

«Chaïm Soutine-Willem de Kooning, Paint Made Flesh» à l’Orangerie. Cette association pouvait sembler improbable. L’Américain d’origine néerlandaise et le Russe de Paris ont pourtant une approche semblable, extrêmement violente, de la réalité. Leur peinture exsude la matière. Le cadet (De Kooning) s’est souvent réclamé de son aîné, découvert dans une exposition anthologique à New York en 1950. Bref, le rapprochement fonctionne étonnamment bien. (Jusqu’au 10 janvier, www.musee-orangerie.fr) - «Georgia O’Keefe» au Centre Pompidou. Décédée presque centenaire en 1986, cette provinciale fait partie des monuments américains. Son art est issu du terreau new-yorkais, puis des terres arides du Nouveau-Mexique. Pratiquement aucune de ses œuvres n’est conservée en Europe. D’où l’intérêt de cette rétrospective, très bien conçue et mise en scène sur un immense plateau. Il n’y a pas là que ses gigantesques fleurs. Réservation indispensable. (Jusqu’au 6 décembre, www.centrepompidou.fr)
Le pélerinage russe vu par Ilya Répine. Le Petit Palais montre des esquisses face u tableau définitif. Photo Petit Palais, Paris 2021.

«Thierry Mugler, couturissime» au MAD. Le plus spectaculaire des couturiers parisiens avec Jean-Paul Gaultier a droit à une rétrospective internationale. Elle passe par Paris. L’ex-Musée des arts décoratifs a comme de juste conçu une scénographie qui «en jette» un maximum. Il y a là tous les vêtements conçus pour sa maison de couture, aujourd’hui fermée, et quelques vedettes amies. L’exposition occupe deux étages entiers, ce qui fait sans doute un peu trop. (Jusqu’au 24 avril, www.madparis.fr) - «Ilya Répine» au Petit Palais. C’est une des stars de la peinture russe. Mais il reste en temps normal impossible de le connaître chez nous, même s’il a travaillé à ses débuts en France ou en Italie. Répine (1844-1930) fait aujourd’hui l’objet d’une présentation particulièrement abondante dans un décor de galerie et de salons XIXe. Il y a là l’essentiel de son œuvre, venu de Moscou ou de Saint-Pétersbourg, avec des portraits et de vastes scènes décrivant la vie sous les derniers tsars. (Jusqu’au 23 janvier, www.petitpalais.paris.fr)
Une robe particulièrement tapageuse de Thierry Mugler. Photo Alan Strutt, MAD, Paris 2021.

«Palais disparus de Napoléon» à la Galerie des Gobelins. Il a pensé habiter Versailles, mais cela ne s’est pas produit. Trop cher! Bonaparte, dont la France célèbre sans grande ferveur les 200 ans de la mort, a en revanche vécu aux Tuileries dès 1800, puis à Saint-Cloud et à Meudon. Ces trois demeures ont été incendiées en 1870-1871. Mais il en reste le mobilier. Celui-ci a été sorti des réserve pour une présentation à la fois fastueuse et intelligente. (Jusqu’au 15 janvier, www.mobiliernational.culture.gouv.fr)
Si vous avez les temps…
«Enfin le cinéma!», au Musée d’Orsay. Les débuts du 7e art, alors considéré comme une attraction foraine, remontent à 1895. Dominique Païni, commissaire invité, voit là une suite logique aux transformations de Paris sous Napoléon III, à l’invention de la photographie et l’apparition d’un monde bougeant sans arrêt. Reste que le visiteur, sursollicité lui aussi, se retrouve tiré à hue et à dia avec un peu de tout. Il est permis de trouver ce papillotement fatigant à la longue. (Jusqu’au 16 janvier, www.musee-orsay.fr) - «Vogue Paris 1920-2020» au Palais Galliera. Il y a cent ans paraissait le premier numéro de la version française d’un magazine féminin de luxe, déjà coté aux USA. Cette édition a depuis mené une vie presque autonome. Pour l’exposition, il y a dans les salles beaucoup de photos, des revues en pagaille et quelques vêtements marquants de couturiers. L’ensemble convainc hélas moins que la présentation en 2020 de l’«Harper’s Bazaar» du MAD. Réservation exigée. (Jusqu’au 30 janvier, www.billetterieparismusee.paris.fr)
"Soirée athénienne" de Iakozos Rizos. Le tableau choisi comme affiche par le Louvre. Photo DR, Louvre, Paris 2021.

«Ettore Sottsass, l’objet magique» au centre Pompidou. Beaubourg avait déjà monté plusieurs accrochages autour de l’architecte et designer, disparu en 2007 à 90 ans. L’Italien a eu le temps de traverser plusieurs époques, qu'il a marquées de son empreinte. L’accrochage actuel peut ainsi commencer à la fin des années 1930 pour se terminer à la création du groupe de Memphis en 1981. C’est assez somptueux, très coloré, mais l’amateur n’a aucune révélation à attendre ici.(Jusqu’au 3 janvier, www.centrepompidou.fr)
Chefs-d’œuvre photographiques du MoMA, au Jeu de Paume. En 2001, puis en 2017, le Museum of Modern Art a acquis des pans de la collection formée par Thomas Walker. Ce dernier, d’origine germanique, l’avait centrée autour des avant-gardes européennes de l’entre-deux-guerres, exhumant au passage des figures peu connues. Le Jeu de Paume présente dans un vilain décor une mouture un brin modifiée de l’exposition vue à Lugano. Je vous en avais parlé à l'époque. (Jusqu’au 13 février, www.jeudepaume.org)
«Paris-Athènes» au Louvre. En 1821 commençait la guerre d’indépendance grecque, soutenue en douce par bien des pays d’Europe. Nous en sommes aux commémorations, comme pour Napoléon. Celle du grand musée national ne brille pas par la clarté. C’est un boulimique fourre-tout, où la politique internationale rejoint les fouilles archéologiques, l’urbanisme néo-classique de la nouvelle capitale, le costume national ou la peinture de l’époque. Le public s'y perd assez rapidement. (Jusqu’au 7 février, www.louvre.fr)
La cour de prison par Vincent Van Gogh qui a droit à une salle pour elle toute seule à la Fondation Vuitton. Photo DR.

«La collection Morozov» à la Fondation Vuitton. Après le triomphe des tableaux post-impressionnistes de Sergueï Chtchoukine, voici ceux de son concurrent moscovite, lui aussi marchand d’étoffes et «vieux-croyant». Il y a là tous les Gauguin, les Cézanne ou les Matisse voulus, mais la magie a cette fois davantage de peine à opérer. Le triomphe public s’annonce cependant total. Mieux vaut donc réserver. Et pour une fois c’est simple! (Jusqu’au 22 février, www.fondationlouisvuitton.fr)
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Paris ouvre toutes ses expositions à la fois. Qu'en retenir pour un petit voyage culturel?
Voici ma liste, avec des préférences affirmées. Vous n'avez pas besoin d'être d'accord avec moi. Pensez en revanche aux réservations, parfois obligatoires.