Paris Fine Arts a réussi son premier tour de manège au Carrousel du Louvre
La foire vouée à l'art ancien et moderne a déménagé pour sa seconde édition. Les dessous du Louvre lui conviennent mieux que la Bourse.

Le Genevois Charly Bailly présentait notamment ce paysage à la Monet de Moret sur son stand.
Crédits: Galerie Charly Bailly, Genève 2018Changement de lieu! Oh, soyons justes.
Le public n'a guère eu le temps de s'encroûter dans ses
habitudes. Fine Arts Paris n'aura eu lieu qu'une fois à la Bourse.
Ce salon, qui récupère une partie de l'éphémère Paris Tableau,
en est donc arrivé à sa seconde édition en 2018. Il a cette fois
investi le Carrousel du Louvre, ou du moins une partie de ce vaisseau
fantôme. Une halle sur trois. De quoi accueillir 43 marchands venu
des Etats-Unis, de Belgique, de Suisse, d'Italie et bien sûr de
Paris (1). Il s'agit de donner une nouvelle vitrine aux galeries
locales dont plus personne, ou presque, ne pousse la porte. Que
voulez-vous? Nous vivons à l'heure des événements. Festifs, si
possible. Et puis, il faut penser aux retraits. Malaquais, qui a été
une grosse boutique sur le quai du même nom, puis un petit lieu sur
l'autre rive, n'existe plus que sous forme de commerce en
appartement.
Cette foire, qui s'est déroulée du 7 au 11 novembre, a de toute évidence gagné au change. Une hauteur de plafond raisonnable par rapport à l'ex-cathédrale financière. Un décor plus discret. Feutré. Il faut bien cela pour une présentation finalement intime. Il n'y a pas ici de meubles, comme à la Biennale des Antiquaires, dont je vous ai parlé début septembre. Fine Arts Paris tourne autour du tableau, souvent de petite taille, du dessin (enfin un peu, vu l'existence parallèle du Salon du Dessin fin mars) et de la sculpture. Originale la sculpture, qui peine à trouver ses acheteurs pour d'évidentes raisons de place et de poids! La manifestation a du coup appuyé sur cette particularité. Une exposition, mitonnée par le musée d'Orléans. Elle partait de l’œuvre, plutôt méconnue d'Henry de Triqueti (1803-1874). Un livre, «La sculpture triomphante, 1850-1880». Une «semaine». Et naturellement un colloque. Mais là, je pense que vous vous en étiez déjà doutés.
Quarante-trois exposants
Quarante-trois marchands allant de 1,
comme le stand (inhabituellement sobre pour cette maison
baroquissime) de Steinitz à 43 pour Coatelem, cela représente, côté
participation, les deux tiers de la Biennale de septembre dernier.
Les objet présentés restant en général plus petits, on devait
atteindre la même abondance d'offres. Autant dire qu'il y avait là
de quoi passer quelques heures. Les organisateurs n'en parlaient pas
moins, le soir d'un vernissage surpeuplé, de s'agrandir dès l'an
prochain. Une quinzaine de stands en plus, ce qui obligerait selon
moi à annexer une halle supplémentaire. Les salons sont tous comme
ça. Ils ne pensent qu'à des accroissements, tout en prétendant
mordicus vouloir conserver leur caractère intime. Pensez sous nos
latitudes à Artgenève, qui ne cesse de se développer, voire même
faire des petits, comme à Monte-Carlo...
Et à quoi ressemblait Fine Arts Paris, premier du genre? Eh bien c'était plutôt réussi! Les exposants se retrouvaient dans des espaces assez petits, Ratton Ladrière, l'Univers du Bronze ou Didier Aaron ayant cependant mis les bouchées doubles, voire triples. La quasi absence de mise en scène mettait bien les pièces exposées en valeur. Le but n'était pas d'impressionner le visiteur, mais de lui proposer un choix intelligent d’œuvres généralement très diverses. Pour Talabardon et Gautier, le XIXe siècle servait cependant d'axe, comme la peinture ancienne chez ce Descours de Lyon, qui n'en finit pas de courir les salons. Et puis, il y a les spécialistes! Antoine Tarantino, qui avait amené quelques vases grecs, ne dépasse pas le XVIIe. Les Enluminures (qui présentait un fantastique missel enluminé du XIIIe siècle) en reste par définition aux manuscrit médiévaux. Antoine Béchet et Ceci sont des marchands de cadres. Notez, comme me le glisse Antoine Béchet, que ceux-ci ont aussi leurs collectionneurs «qui ne mettent aucun tableau dedans.»
Un niveau moyen au dessus de la moyenne
Que retenir de ces quelque mille choses (je fais le calcul à la louche) présentées au Carrousel? Peu de chefs-d’œuvre absolus, bien sûr, mais tout de même un certain nombre de pièces de haut niveau se détachant d'un niveau moyen.... très au dessus de la moyenne. Je retiendrai ainsi une grande Vierge gothique en bois d'Ile-de-France, taillée vers 1250, chez Ambroselli. Un beau et grand dessin de Millet, représentant «Le départ pour les champs», chez Jill Newhouse. La très baroque «Anesse de Balaam» de Francesco Cozza montrée par Jacques Legenhoek. Plus une redécouverte. J'avais remarqué, avec un grosse fente dans le panneau, un ravissant tableautin rococo de Jacques de Lajoüe à Genève Enchères il y a quelques nois. Estimation 1000 à 1500 franc. Il a fait sa réapparition à l'état de neuf dans le stand d'Eric Coatelem. A un autre prix, bien évidemment!
(1) Il y en avait 34 l'an dernier.