Notre-Dame de Paris a perdu son échafaudage "solidarisé" par l'incendie de 2019
La restauration proprement dite va pouvoir commencer. En attendant, l'archevêque de Paris a trouvé moyen d'allumer une nouvelle polémique patrimoniale bien inutile.

Eh non! Ce vitrail ne date pas du XIIIe siècle. Il s'agit d'un pastiche réussi de 1864. Il devrait normalement rester en place.
Crédits: DR.C’est une star. Normal que Notre-Dame de Paris fasse parler d’elle, même si ce n’est de loin pas la cathédrale française que je préfère. La médiatisation n’a jamais cessé depuis l’incendie du 15 avril 2019. Elle contribue aujourd’hui à diffuser de bonnes nouvelles. L’échafaudage enserrant la flèche disparue (qu’il devait paradoxalement permettre de restaurer…) a enfin pu se voir complètement démonté après un an et demi. Tout jouait contre cette construction métallique haute de quarante mètres et pesant 200 tonnes. La pire catastrophe était que la chaleur du brasier avait collé des tubulaires ensembles.
Après arrêt en avril 2020, les ouvriers sont parvenus à «désolidariser» les éléments d’une structure qu’ils ont coupée en quatre morceaux, «stables et indépendants» comme les tranches d’un gâteau d’anniversaire. Le tout a pu se voir descendu jusqu’au sol. Il a ensuite fallu s’occuper d’une énorme poutre suspendue au dessus de la croisée du transept. Elle menaçait de tomber en entraînant Dieu sait quoi dans sa chute. Il faudra à ce propos maintenant vider ce qui a passé dans les voûtes adjacentes. Créer une sorte de «parapluie» géant au dessus du fameux transept afin que les eaux de pluie ne ruissellement pas à l’intérieur. Puis les travaux proprement dits pourront commencer. Il subsiste officiellement l’espoir qu’ils soient terminés en 2024 au moment des Jeux olympiques, même si aucune compétition n’est selon moi prévue à l’intérieur.
Moderniser l'intérieur
L’année 2019 avait parallèlement vu la bataille des experts. Fallait-il, ou non, remplacer la flèche de Viollet-le-Duc datant du XIXe siècle par un geste architectural contemporain? L’initiative présidentielle a fini par se voir battue en brèche par les défenseurs du patrimoine. Un nouveau conflit n’en a pas moins éclaté récemment. Il est cette fois dû à l’ardeur de l’archevêque de Paris, Mgr. Aupetit Appuyé par un Comité, celui-ci a manifesté son désir de moderniser les éléments mobiliers de l’intérieur, remontant eux aussi au Second Empire. Claire Boemmelaer s’en est fait l’écho dans le numéro du «Figaro» daté du vendredi 20 novembre. Tollé! Levée de boucliers! Anathèmes! L’«aggionamento», comme aurait dit dans les années 1960 le pape Jean XXIII, faisait notamment disparaître les verrières devenues historiques de Viollet-le-Duc et de ses disciples.
Il a fallu que Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, mette les points sur le «i» à l’Assemblée Nationale. Interrogée sur la question, elle a répondu que des vitraux ne constituaient pas du mobilier, mais des éléments constitutif d’une église. Que le feu les avait épargnés. Qu’ils étaient de toute façon classés. «La question est donc réglée.» Ouf!