C'est la fin d'une institution. «The Village Voice» disparaît à New York. Dire qu'il cesse de paraître me semblerait en effet inexact. Depuis septembre 2017, cet hebdomadaire n'existait plus que sous forme numérique. Peter Barbey, qui l'avait racheté en 2015, ne pouvait plus payer la version papier. La publicité, qui couvrait au départ les deux tiers des 80 pages, avait fondu comme neige au soleil en période de réchauffement terrestre.
«The Village Voice» avait été lancé en 1957. C'était à l'origine un journal de quartier. Mais parmi ses fondateurs se trouvait un homme comme l'écrivain Norman Mailer (il y avait aussi Dan Wolf ou Ed Fancher). Le milieu des années 50 correspondait à la montée des cultures alternatives. Elle restaient encore souterraines, ou plus précisément «underground». L'Amérique vivait ses très conservatrices années Eisenhower, qui venaient après la pénible ère MacCarthy. Mais le mouvement prenait de l'ampleur. En 1967 déjà, le magazine devenait ainsi le «weekly» le plus vendu du pays à cause de sa jeunesse et du bouillonnement de ses idées. De la qualité des plumes aussi. Trois de ses journalistes politiques ont décroché un prix Pulitzer.
Public générationnel
Puis le journal a vieilli... Il est devenu générationnel, comme «Libération» en France. Mais il n'y a pas outre Atlantique les mises sous perfusion que connaît le pays voisin. La chose a entraîné un déclin que n'a pas aidé le passage à de nouvelles technologies. La presse écrite se meurt, avec ce paradoxe. Les gens (souvent âgés) se plaignant de la maigreur des journaux actuels et de leur prétendu inintérêt ne parviennent pas à accomplir le saut vers le numérique. Ils restent «très papier». Je vois cela constamment autour de moi, et la chose doit sans doute être la même à New York. La version virtuelle a donc fait un «flop».
Les quelque vingt journalistes restant vont perdre leur emploi. Pour le moment, la moitié d'entre eux s'active encore à la numérisation des archives. Peter Barbey tient à ce qu'un périodique aussi historique puisse se voir consulté de manière permanente sur le Net.
Photo (AP): Les boîtes du "VIllage Voice".
Texte intercalaire.
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NEW YORK/"The Village Voice" met la clef sous le paillasson