Tout le monde le sait. L'Italie a mal a ses musées d'art moderne et contemporain. Celui, pionnier, de Prato reste fermé pour travaux. Le Castello du Rivoli pâtit de la crise. Le MAXXI romain se retrouve victime de l'ego de son architecte Zaha Hadid. Le blockhaus de Turin constitue un hideux ratage. Il aura fallu des décennies pour que Milan se dote d'un bel outil, en utilisant un bâtiment mussollinien de la Piazza Duomo. Reste heureusement Venise qui, riche de sa Biennale, accumule aujourd'hui les fondations privées (Guggenheim, Pinault, Prada, Bevilacqua-La Masa...).
La chose tient du paradoxe. Maintenant que les passions politiques se sont calmées, l'Italie réalise qu'elle n'a pas à rougir de son XXe siècle, du divisionnisme à l'"arte povera", en passant par le futurisme ou le courant Novecento. Seulement voilà! Ces mouvements conservent de la peine à accéder aux cimaises des collections permanentes. Le pays, qui n'a pas su acheter à temps, n'a plus qu'à espérer de gros héritages. Du très classique Mario Sironi ou très avant-gardiste Lucio Fontana, tout ça vaut en effet aujourd'hui très cher.
Un monument de la Renaissance
Florence, qui possède une section moderne bien cachée au second étage du Palazzo Pitti (avant tout vouée au XIXe siècle), a inauguré fin juin son Museo Novecento, puisque les Italiens appellent ainsi le XXe siècle. L'institution est bien logée. Elle occupe piazza Santa Maria Novella, face à l'église de ce nom, l'ancien Ospedale delle Leopoldine, aménagé au XVe siècle par Michelozzo. L'architecte le pourvut notamment d'un célèbre portique à dix arcades. Le lieu avait déjà servi de musée. C'est là que fut logée la photographie, avec le fonds Alinari et la collection du Vaudois Charles.Henri Favrod. L'institution a disparu sans qu'on puisse trop savoir où, quand et comment.
L'esprit du Museo Novecento semble particulier. Il ne s'agit pas d'embrasser le siècle sur le plan artistique international, ni même national. Tout doit se rapporter à la Florence des années 1900 à 2000. Une cité dont l'apport sera pourtant resté modeste à l'époque. Autant dire qu'il a fallu ratisser large. Aux créations plastiques se sont joints la littérature, le cinéma, la mode, le spectacle et les revues intellectuelles. Un élément local suffit à justifier une présence. Une longue galerie abrite ainsi l'assez belle collection de peinture moderne formée par Alberto della Ragione. L'homme l'avait donné à sa ville après la terrible crue de l'Arno, qui avait causé des inondations dévastatrices en 1966. Comme bien d'autres dons à la ville (dont celui des Contini-Bonacossi aux Offices), elle attendait d'avoir enfin son moment de visibilité.
Le parcours commence par la fin
Le parcours n'apparaît pas toujours clair. Il commence avec les décennies 1980 et 1990. L'étranger de passage, et on se sent ici étranger même si l'on arrive de Rome, aura du mal à s'y retrouver dans ces vaguelettes culturelles. Il faudrait tout savoir, avant même d'être entré, afin de comprendre. Or, pour les débuts de l'art vidéo à Florence, racontés par une galeriste d'époque dans l'un des nombreux films à découvrir: "C'était invendable et nous ne touchions qu'un tout petit public." Et comme le public a aujourd'hui un certain âge, pour ne pas dire un âge certain...
Le visiteur peut se raccrocher par la suite. Souvent montré à Genève chez Sonia Zannettacci, récent objet d'une belle rétrospective à La Chaux-de-Fonds, le peintre Alberto Magnelli est tout de même un nom. L'histoire des débuts de la haute couture à Florence en 1951 a souvent été évoquée. Le "Mai florentin" a joui d'un grand prestige, avant que d'autres festivals ne lui ravissent la primauté. Il est enfin facile de s'y retrouver au second étage, qui montre la ville vue par le 7e art. De "La Chronique des pauvres amants" de Carlo Lizzani à "Chambre avec vue" de James Ivory, en passant par "Mes chers amis" de Mario Monicelli, il y a là nombre des titres célèbres.
On attend le public
Ce n'en est pas moins avec un sentiment de déception, voire de frustration, que le visiteur revient sur ses pas et sort du musée. Il s'est senti d'autant plus mal que le public y reste étonnamment clairsemé pour une institution venant d'ouvrir après un demi siècle de palabres. Il y a là moins de gens munis d'un billet que de gardiens. La beauté de l'architecture devrait au moins attirer les curieux. Que faire pour renverser la vapeur? Est-ce même possible?
Pratique
Museo Novecento, 10, piazza Santa Maria Novella, Florence. Tél. 003955 27 68 224, site www.museicivicifiorentini.comune.fi.it ou www.museonovecento.it Ouvert tous les jours de 10h à 19h, le jeudi jusqu'à 14h, le vendredi jusqu'à 23h. Photo (Museo Novecento): Le cloître qui sert de cour au nouveau musée, situé en plein Florence.
Prochaine chronique le 1er septembre. Berne se penche sur "Les Lacustres". Une réussite!
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MUSÉE/Florence ouvre un lieu pour le XXe siècle