Il y a des artistes célèbres dont les musées se soucient peu. Ainsi en va-t-il de Maurits Cornelis Escher (1898-1972). Tout le monde a dans l'oeil ses gravures, pleines de perspectives vraisemblables et pourtant impossibles. Mais c'est pour les avoir vues dans un livre ou sur un affiche.
Le Palazzo Reale de Milan propose pour quelques semaines encore une exposition Escher basée sur une (ou plusieurs) collection(s) privée(s). Très bien fait, le parcours aménagé dans le premier étage de cette immense bâtisse situé à côté du Duomo présente toutes les périodes d'un créateur dont seule les trente dernières années sont bien connues du public. Installé dès 1922 en Italie, le Néerlandais a en effet commencé par des paysages réalistes. Il s'agit déjà de gravures, mais sur bois. La xylographie a connu un grand renouveau au début du XXe siècle. Les novateurs aimaient les simplifications (et les efforts) qu'elle exigeait. Il suffit de penser à Raoul Dufy ou à Félix Vallotton.
En Suisse, puis en Belgique
Escher a ainsi montré des architectures anciennes, dans un superbe noir et blanc. Il en serait sans doute resté là sans le durcissement du fascisme dans les années 1930. Au moment où l'école tenta d'embrigader son fils de 9 ans, Escher décida de partir. C'était en 1935. Direction la Suisse, dont son épouse était originaire. Il ne s'y plaira pas, d'où une émigration ultérieure en Belgique, avant un retour final aux Pays-Bas. C'est là qu'il se mettra à créer, sous forme de lithographies cette fois, des paysages étranges en s'inspirant du ruban de Möbius comme d'équations mathématiques. Il y aura aussi des animaux se transformant en d'autres bêtes dans des planches à la construction toujours plus complexe. Pas étonnant, dans ces conditions, si les 448 estampes connues d'Escher sont précédées de plus de 2000 dessins.
L'ensemble proposé au Palazzo Reale apparaît très important. Plusieurs centaines de pièces. Il n'y a pas d'esquisses, mais les réalisations définitives, souvent tirées à un petit nombre d'exemplaires. Certaines pièces étonnent par leur taille. Il y a du tout petit et du très grand. Un rouleau à la chinoise permet ainsi un nombre vertigineux de transformations. Escher, qui s'intéressait peu à l'argent (il refusa des droits de reproduction aux Rolling Stones pour une couverture d'album), est mort en 1972. Ses enfants veillent depuis au grain. L'artiste est devenu un terrain miné. C'est pour cela que je vous propose, en guide d'illustration de cet article, l'affiche de l'exposition, dont le principal défaut est d'attirer trop de monde.
Pratique
«Escher», Palazzo Reale, 12, piazza Duomo, Milan, jusqu'au 22 janvier. Site www.mostraescher.it Ouvert le lundi de 14h30 à 19h30, du mardi au dimanche de 9h30 à 19h30, le jeudi et le samedi jusqu'à 22h30. Horaire un peu chamboulé en fin d'année, mais sans jour de fermeture.
Photo (DR): L'affiche de l'exposition Escher de Milan, avec la reproduction d'un autoportrait.
Texte intercalaire.
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MILAN/Les gravures de Maurits Cornelis Escher déplacent les foules