
Sa disparition n’aura guère fait de gros titres de ce côté de l’Atlantique. Il existe des collectionneurs plus flamboyants qu’Edi Broad et sa femme Edythe. Mort il y a quelques jours à 87 ans, le premier n’avait pourtant pas de «large» que le nom. Ce «self-made-man», qui avait fait son immense fortune dans l’immobilier moyen de gamme, se trouvait à l’origine de plusieurs musées. En fait bien sûr partie «The Broad», construit en 2010 et 2015 et portant le nom du couple. L’homme et la femme avaient aussi énormément donné pour l’éducation ou la recherche scientifique et médicale. Les milliardaires rendaient ainsi une partie de ce qu’ils avaient reçu. A l’américaine. 650 millions de dollars au fil des ans, rien pour l’enseignement.
Enfant unique d’émigrés juifs lituaniens, Eli avait comme père un peintre en bâtiment et pour mère une couturière à domicile. Ses parents avaient quitté le Bronx à la fin des années 1930 pour Detroit. L’ancien peintre avait alors commencé l’ascension familiale. Il a fini par posséder des magasins où tout se vendait «five dimes», autrement dit cinq sous. Il pourra ainsi plus tard avancer à son fils une petite somme pour lui permettre de démarrer dans les affaires avec Donald Kaufmann, un cousin d’Edythe. Cette association amicale ne durera guère. Donald préférera se retirer et jouir des premiers millions gagnés. Une optique qui se défend tout à fait.
Thèse soutenue à 21 ans
Entre-temps, Eli avait réussi de brillantissimes études à l’Université du Michigan. Il a ainsi pu soutenir sa thèse à 21 ans. En économie, bien sûr. Le débutant a alors un peu enseigné. Puis il a franchi le pas. En famille. Pourquoi ne pas créer des maisons bien faites, mais pas trop chères, destinées à ce que les Britanniques appelleraient la «low middle class»? L’initiative a très vite séduit, les Broad quittant ensuite Detroit, trop dépendant selon eux de l’industrie automobile, pour Phoenix. Les lotissements se sont multipliés. Comme l’argent non réinvesti à la banque. En 2019, Broad pesait selon le journal «Forbes», 6,3 milliards de dollars. La 233e fortune mondiale.
Le premier achat d’Edythe a été un Van Gogh. Une erreur d’aiguillage. Le vestige d’une ambition ancienne. Le couple s’est en effet vite lancé dans l’art moderne et contemporain, finissant par posséder 2100 œuvres. Un regard essentiellement américain, même si les Broad sont des démocrates farouchement opposés aux armes. Les «tycoons» de la génération de Broad se sont en effet débarrassés du complexe culturel européen. Ils se sont mis à acheter avant tout national. Le décalage est devenu total avec les banquiers et les rois de l’acier ayant constitué avant 1914 des ensembles avant tout tourné vers le Vieux Continent, avec plein de peintures anciennes et de meubles français du XVIIIe siècle servant de caution à leur jeune respectabilité. Je pense à des gens comme les Frick, les Mellon, Isabella Gardner ou Jules Bache.
Gehry et Meier comme architectes
L’avenir du MOCA de Los Angeles ou de The Broad semble assurés. Cela dit, les deux enfants du couple ne sont sans doute pas à plaindre. L’entreprise continue et il leur reste encore la résidence de Brentwood dessinée par Frank Gehry ou celle de Malibu conçue par Richard Meier. Deux gestes architecturaux. Plus le reste bien sûr… qui n’a vraiment rien d’un reste.
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Mécène milliardaire épris d'art contemporain, l'Américain Eli Broad est mort à 87 ans
L'homme était parti de presque rien. Il est devenu très jeune un roi de l'immobilier. Eli a aussi beaucoup donné pour les sciences et l'éducation.