Il paraît, il paraît, il paraît... Les librairies (enfin, celles qui subsistent) débordent de livres, souvent signés pas des auteurs dont le nom ne dit encore rien. Un certain nombre de fictions et de documents se relie fatalement aux beaux-arts. En voici trois spécimens.
«Eroica», de Pierre Ducrozet. Aucun rapport avec une symphonie de Beethoven! «Eroica» constitue l'un des deux romans récemment sortis sur le New-Yorkais Jean-Michel Basquiat (1960-1988), l'autre étant «Le griot de la peinture» d'Ernest Pépin, paru chez Caraïbe Editions. Basquiat se nomme ici Jay. Issu de la bourgeoise noire, ce peintre issu de la rue se brûle les ailes au fil des pages. Le ton se veut haletant, saccadé, excessif. L'ouvrage a dû beaucoup séduire Charles Dantzig, le directeur de la collection «Le Courage», dans laquelle le livre s'inscrit. Dantzig entretient le même ton «speedé» qui suggérerait à des lecteurs comme moi une distribution de calmants générale. Pour lecteurs des «Inrocks» ou de «Technikart» (Grasset, 266 pages)
«Les arts de l'Afrique», de Carl Einstein. Cet Einstein-là, qui s'est suicidé en France devant l'avancée allemande de 1940, n'a en fait jamais rédigé de bouquin de ce titre. Liliane Meffre, qui a traduit l'ouvrage et le présente à ses nouveaux lecteurs, a regroupé l'ensemble des textes précurseurs écrits par l'auteur sur les arts africains. Le plus important date de 1915. Il se place dix ans après la découverte de la création du Continent noir par les artistes d'avant-garde. Il structure un coup de foudre esthétique en pensée ordonnée. Notons qu'Einstein n'a jamais mis les pieds en Afrique. Jean-Louis Paudrat a identifié et légendé les œuvres qu'Einstein présentait sans explications dans ses écrits. Le tout se révèle un peu rude, relu en 2015 (Jacqueline Chambon, 335 pages).
«Paris, capitale du XIXe siècle», de Walter Benjamin. Benjamin a été remis en selle par Frédéric Pajak, qui lui a consacré une série de livres dessiné, dont l'un a été couronné par un Prix Médicis. Voici, réédité, l'un des textes mythiques de cet Allemand, lui aussi mort par suicide en 1940. Il s'agit d'un article court, écrit en allemand, puis traduit par l'auteur lui-même. Il était resté inédit jusqu'à sa publication en 1989 dans «Paris capitale du XIXe siècle, Le livre des passages». Le passage couvert, rue intérieure à l'abri des intempéries a marqué les années 1800 à 1850. Il préfigurait cette usine à consommer que sera le grand magasin. Les angoisses de l'auteur transparaissent au fil des pages, au point de se muer en fantasmagorie sociale (Allia, 50 pages)
Photo (DR): Jean-Michel Basquiat dans son atelier.
Texte intercalaire
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LIVRES/Basquiat, un autre Einstein et Walter Benjamin