Ce n'est pas vraiment une nouvelle. Même avec un nez bouché, les (vrais) amis du Musée d'art et d'histoire sentaient bien qu'il y avait là quelque chose de pourri. Ils en ont eu confirmation samedi 19 novembre, lors de petite sauterie de l'Athénée où étaient regroupés les adversaires du projet Jean Nouvel. La parution de «Genava», la revue annuelle du MAH créée il y a bien longtemps par Waldemar Deonna, va s'arrêter. Il serait indécent de dire «faute de moyens». Je rappelle qu'avec 33,5 millions par an, l'institution genevoise reste l'une des mieux dotées de Suisse.
Les signes de cette disparition étaient nombreux. La revue était devenue de plus en plus volumineuse à la fin de l'ère Cäsar Menz, époque où la regrettée Claude Ritschard s'en occupait. Elle frôlait alors l'obésité (la revue, bien sûr!) à force de compte-rendus scientifiques, de rapports d'activités et d'inventaires des nouvelles acquisitions. Rappelons que c'était là que figuraient les publications archéologiques genevoises. Une année sur deux, il s'agissait des fouilles locales. L'autre des campagnes menées par des Genevois, notamment en Egypte et au Soudan.
Régression et retards
Puis, avec l'arrivée en 2009 de Jean-Yves Marin, la pagination a régressé. Les retards dans la parution se sont faits toujours plus longs. Les articles ont vanté le projet Nouvel. Découragé, son rédacteur José Godoy a rendu son tablier. Fin 2015 a paru l'édition 2014. Nous attendons toujours, fin 2016, celle de 2015. Elle risque de sortir au début de l'an prochain. Ce sera donc la dernière, du moins sous forme papier. On parle, mais vaguement, d'une présence sur le site du musée. Mais là, je rappelle qu'il faudra que les postages se suivent à un rythme serré. Il y en aurait besoin, pour retenir l'attention, d'au moins un par semaine. Or je ne sais pas si vous connaissez comme moi les universitaires et les scientifiques. Dans le genre pinailleur et procastinateur, ce milieu confiné abrite quelques spécimens pas piqués des hannetons.
Avec la fin de «Genava», qui n'avait sans doute pas le taux de lecture de romanciers comme Guillaume Musso ou Marc Lévy, le musée a beaucoup à perdre. Davantage de sa crédibilité, pour commencer. De sa visibilité ensuite. Cette revue, qui lui permettait de nombreux échanges avec des institutions internationales, lui servait de carte de visite. Et puis, quel déficit pour la recherche, même si le MAH abrite de moins en moins de conservateurs! Et où publieront désormais les archéologues genevois, placés dans le canton sous la houlette de Jean Terrier et plus loin sous l'ombre tutélaire de Charles Bonnet?
Tout cela ne laisse que des regrets, même si je ne partage pas le côté chien battu aimant encore son maître de bien des proches du MAH. Je reste en effet stupéfait de l'attachement que conserve cette institution en complet déclin. Peut-on encore, au fait, faire quelque chose pour elle? La question reste taboue. Je ne l'ai jamais entendue. Elle mériterait pourtant de se voir posée.
Photo (DR): Cette année encore, Charles Bonnet découvrait une nouvelle ville antique près de Kerma, au Soudan. Où paraîtront désoirmais les rapports de fouilles?
Texte intercalaire.
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LIVRE/La publication de la revue annuelle du MAH "Genava" va s'arrêter