L'Italie a rouvert ses musées dans les zones jaunes. La Toscane en fait partie
Alors que le pays donne un tour d'écrou supplémentaire jusqu'au 5 mars, les musées ont été considérés comme "identitaires" par le ministre de la Santé!

La nouvelle salle des Offices autour du "Tondo Doni" de Michel-Ange. Je vous avais parlé en son temps de ce réaménagement.
Crédits: ANSA.Je n’y croyais pas. J’ai dû relire l’article deux fois dans l’édition en ligne dominicale de «Giornale dell’arte». Je n’avais pourtant pas la berlue. Des musées italiens ont bel et bien rouvert le samedi 16 janvier. Oh pas partout, et bien sûr sous conditions! Cette concession est cependant arrivée au moment où le pays a donné un tour de vis supplémentaire face à la pandémie. Il y a un couvre-feu. L’interdiction de vendre de la nourriture même à l’emporter après 18 heures. L’impossibilité de passer d’une Région à l’autre. Inutile de préciser que les théâtres, les cinémas (enfin, ceux qui subsistent dans la Péninsule!) ou les salles de concert demeureront clos au moins jusqu’au 5 mars. J’ai tout de même noté que les compétitions (sportives, je suppose) et les croisières reprennent…
Alors, dans de telles conditions, pourquoi les musées? Parce qu’il s’agit, selon le ministre de la culture Dario Francheschini, «d’un pas, d’un tout petit pas, vers une normalisation.» Le ministre de la Santé qui répond, vous ne me croirez sans doute pas, au nom de Roberto Speranza (espérance) abonde dans ce sens. Pour ce jeune quadragénaire (il a 42 ans), les musées forment en Italie «les lieux symboliques de la civilisation du pays». Une déclaration inimaginable en France ou en Suisse. On sait qu’Emmanuel Macron, qui se pique d’avoir des lettres, oublie régulièrement les musées dans des discours pourtant fleuves. Dans notre pays, le Conseil Fédéral les range indifféremment sous «culture», «loisirs» et je ne sais encore quoi. A Rome, il s’agit là d’un point névralgique. Je vous laisse tirer les conclusions que vous voulez.
Florence est en jaune
Evidemment, tout le pays ne trouve pas d’un coup rouvert. Pour que la chose devienne possible, il faut que la Région en question soit en zone jaune, et non pas orange et surtout rouge (1). La Lombardie, la Sicile ou le Trentin-Adige, du côté de Bolzano, les grands malades au propre comme au figuré, devront attendre. En fait, il ne subsiste que quelques régions en jaune. Elles comptent, mises ensemble, douze millions d’habitants sur soixante. Autrement dit un cinquième de la population. On trouve parmi elles le Basilicate, la Campanie (avec Naples, qui est un gros morceau muséal!), le Molise, la Sardaigne, le Trentin-Adige mais du côté de Trente et la Toscane.
Ah, la Toscane! Voilà qui signifie que les inaccessibles Offices, la non moins bouchonnée Accademia, le Palazzo Pitti ou le Palazzo Vecchio sont ouverts. Réservation obligatoire (je ne saurais dire si les billetteries physiques sont accessibles). Masques. Distances sociales. Et obligation pratique d’habiter en Toscane, puisque les relations entre Régions sont en principe coupées. Cela dit, au risque de me répéter, je dirais que ces endroits me semblent «safe» au dernier degré. Il ne doit pas y avoir grand monde en ce moment aux Offices...
(1) Les jours d'ouverture actuels vont du lundi au vendredi. Pas de week-end, donc.