Les expositions en Europe. Mon libre choix pour 2019, d'Amsterdam à Vienne.
Le choix semble quasi infini. Rien que Paris propose une foule de choses. Je vais me limiter à dix manifestations avec quelques commentaires. A chaque jour suffit sa peine.

Le fameux "Lièvre" d'Albert Dürer, que tout le monde a vu en photo et très peu de gens en vrai. Il sera à l'Albertina de Vienne en 2019.
Crédits: Albertina, Vienne 2019.Le compteur est remis à zéro. Une
nouvelle année commence, sans qu'on attende trop d'elle. Chacun y
va donc de ses pronostics. Avec les expositions de 2019, il y a moins
de risques qu'en politique ou en économie. Les choses devraient se
dérouler comme prévu. Au milieu de la surabondance des
propositions, il me semble difficile de faire des choix. Dans son
numéro de janvier, sorti dès le 20 décembre, «Beaux-arts
magazine» nous indique «les 60 plus belles». Celles-ci auront
comme par hasard presque toutes lieu en France. On peine toujours, du
côté de Paris, à sortir de son village d'irréductibles Gaulois. Le "Connaissance des Arts" de ce mois ne sort guère plus de l'Hexagone.
Mon propos restera plus modeste, mais
il se veut plus international. Aujourd'hui Je vais vous désigner dix
expositions à l'étranger. Il y en aura dix autres pour la Suisse
demain. La sélection reflète mon total arbitraire. J'ai cependant
tenté de vous trouver des choses diverses. La
notion de culture s'élargit toujours davantage. Les temps changent,
et il s'agit d'éliminer d'elle le moins de gens possible. Qui
aurait rangé la mode ou la photo, pour ne pas parler des nouvelles
technologies, parmi les beaux-arts il y a quelques décennies? Sur
ce, trêve de considérations oiseuses. C'est parti!
Amsterdam
Rembrandt-Vélasquez. C'est
l'anniversaire. Rembrandt est mort il y trois cents cinquante ans. Le
Rijksmuseum n'allait pas nous refaire la rétrospective de 2003, qui
marquait les quatre cents ans de la naissance du maître de Leyde.
Après avoir montré ses possessions et proposé le début d'une
restauration de «La Ronde de nuit» (encore une!) en public, il va
jumeler les titans néerlandais et espagnol. Les tableaux seront
proposés par couples. Le ménage se verra complété par Frans Hals,
Murillo, Vermeer ou Ribera (du 11 octobre au 19 janvier 2019,
www.rijksmuseum.nl).
Florence
Verrocchio, Il maestro di Leonardo.
Vinci est mort à Amboise en 2019. Il fallait fêter cela. On sait
que le Louvre se trouve aujourd'hui bloqué par le nouveau
gouvernement italien. Pas d'exportations! Le Strozzi ne connaît pas
ces problèmes. Il a en plus choisi de montrer un homme clé de
l'histoire de l'art, dont on parle peu. Peintre, sculpteur et
orfèvre, Andrea di Michele di Cione (1435-1488) a dirigé à
Florence un énorme atelier dont sont aussi sortis Lorenzo di Credi
ou le Pérugin. On attend beaucoup de cette rétrospective qui aura
lieu du 9 mars au 14 juillet (www.palazzostrozzi.org)
Londres
Mary Quant. Les jeunes ne savent plus
son nom. La reine des «Swinging Sixties» est aujourd'hui une dame
de 84 ans. Mary a ouvert sa première boutique sur King's Road en
1955. Elle a ensuite créé ses propres lignes de vêtements et de
cosmétiques. A force de raboter des centimètres, elle a créé la
minijupe vers 1962. Scandale, puis succès mondial. Le Victoria &
Albert va raconter son histoire comme la Ca' Pesaro de Venise vient
de refaire celle de Fiorucci. Leurs créations bon marché font
désormais partie de l'histoire (du 6 août au 16 février 2020,
www.vam.ac.uk)
Manga. Le British Museum est un musée
généraliste. Il collectionne donc aussi les produits littéraires
longtemps jugés bas de gamme. La chose va lui permettre de proposer
en 2019 «la plus grande exposition sur le manga jamais organisée
hors du Japon.» Le fond du BM sera complété par de nombreux prêts.
Il s'agira d'illustrer l'influence des arts classiques nippons sur le
genre, le manga lui-même et son impact sur la création internationale actuelle.
Vaste programme! Mais soyez rassurés. Le résultat se voudra
ludique, joyeux et immersif (du 23 mai au 26 août,
www.britishmuseum.org).
Madrid
Fra Angelico et les débuts de la
Renaissance à Florence. Air connu. Mais le musée détient la
célèbre «Annonciation» du maître. Il vient aussi d'acquérir
auprès du duc d'Albe deux autres panneaux de ce moine artiste du XVe
siècle, béatifié par Jean-Paul II en 1982. Il y avait là de quoi
monter une exposition entrant dans le cadre des 200 ans du musée.
Ouvert en 1819, agrandi en 2007, celui-ci se porte bien. Il ne cesse
pas d'inaugurer de nouvelles salles en annexant divers bâtiments. Il
reçoit en plus des dons et a les moyens d'acheter (du 28 mai au 15
septembre, www.museodelprado.es)
Paris
Rouge, L'art au pays des Soviets. L'art
russe explose vers 1910. Les avant-gardes se suivent et se
bousculent. Elles prêchent pour une révolution qui ne va pas tarder
à arriver. Les artistes pensent y jouer un rôle majeur, notamment pour l'éveil des populations. Au début, la réalité correspond à leurs
rêves. Puis c’est le désenchantement et les interdictions
pleuvent. Sur ce canevas, le Grand Palais va montrer la création au
temps de Lénine et de Staline. Si on ne peut pas montrer Hitler, le
«petit père des peuples» bénéficie d'une amnésie générale (du
20 mars au 1er juillet, www.grandpalais.fr)
Le modèle noir de Géricault à
Matisse. Joli sujet, en notre époque d'Indigènes de la République!
S'il y a des Noirs dans la peinture depuis la fin du Moyen Age, le
parcours commencera ici avec le célèbre portrait de
Marie-Guillemine Benoîst représentant une beauté en rien dénudée
vêtue de blanc (l’œuvre date de 1800) pour aller jusqu'aux
modernes après des passages obligés sur Gauguin, le sculpteur
Cordier ou le photographe Carjat (du 26 mars au 21 juillet,
www.muse-orsay.fr).
Dau. L'événement de l'hiver, aux
confluents de l'art, de la vie et de la réalité virtuelle. Durant
treize ans Ilya Khrzhanovsky a conçu et réalisé un projet monstre.
Dans une ancienne usine des années 30 il a fait revivre à des
centaines d'acteurs et de figurants (volontaires, tout de même!) la
réalité de l'URSS stalinienne de 1938. Il en est sorti treize
films. La bulle spatio-temporelle est pour un mois au Châtelet et du
Théâtre de la Ville. Chaque visiteur aura un programme de
vingt-quatre heures fait sur mesures, mais fixé par algorithme sans
son accord (du 25 janvier au 25 février, www.dau.xxx).
Venise
La Biennale. 2019, année impaire. Il y
aura donc les beaux-arts. Le commissaire en sera cette fois Ralph
Rugoff, 61 ans. L'Américain d'Angleterre a choisi comme thème «May you Live in Interesting Times». Encore un de ces intitulés qui ne
veulent rien dire... Chaque pays roulera pour lui-même dans son
pavillon des Giardini, au bout de l'Arsenale ou en ville.
L'organisateur se voit prié de faire le plein des entrées. Après
avoir cruellement stagné jusque vers 2000, la Biennale est repartie
pour le succès: 615 702 visiteurs en 2017! (du 11 mai au 24
novembre, www.labiennale.org)
Vienne
Dürer. En 2012, Nuremberg avait fait un carton avec le plus célèbre de ses ressortissants. L'attente semblait interminable. En 2018, Milan a connu un grave échec avec sa remarquable exposition Dürer du Palazzo Reale. L'Abertina, qui possède via les Habsbourg 140 feuilles du maître, mort en 1528, va proposer les dessins. Les siens d'abord. Mais des emprunts se verront faits à Berlin ou ailleurs. Il y aura là des choses trop fragiles pour se voir montrées souvent, comme «Le Lièvre» ou «L'aile». L'exposition durera du 20 septembre au 6 janvier 2010 (www.albertina.at)
N.B. je n'ai pas repris deux expositions que j'ai déjà annoncées. Il s'agit du Toutankhamon, Le trésor du pharaon à la Villette de Paris, prévu du 23 mars au 15 septembre, et du Léonard de Vinci du Louvre, qui devrait se dérouler du 24 octobre au 24 février 2019.