Les Cahiers dessinés sortent le premier tome des chefs-d'oeuvre de Roland Topor
L'homme est mort il y a déjà vingt-deux ans. Il avait donné des milliers d'oeuvres. "Le dessin lui coulait des doigts" dit aujourd'hui la préface de ce gros album.

Roland Topor vers 1980.
Crédits: 24 Heures.Les Cahiers dessinés ont développé
un faible pour Topor. Quatre ouvrages avaient déjà paru sur cet
inclassable, mort il y a déjà vingt-deux ans. Un cinquième est
sorti de presse il y a quelque temps. Son titre laisse de plus
présager une suite. En éditant «Topor, chefs-d’œuvre 1», on
laisse supposer un «II» et même un «III». La loi des séries...
Roland Topor était né en 1938. Enfance juive ô combien perturbée par la guerre. Un coup de plume vite affûté. Le débutant fait la couverture de «Bizarre» dès 1958. Rien d'étonnant à cela. Tout l’œuvre de l'homme restera placé sous le signe de l'étrangeté. De l’incongruité. D'une certaine agressivité aussi. Le dessinateur ne s'est jamais assagi, contrairement à d'autres. Il se sera juste reconverti à l'occasion. Topor, c'est aussi dix romans et neuf livres de nouvelles. Plus quelques incursions au cinéma. Polanski lui a ainsi emprunté «Le locataire».
Au purgatoire
Depuis sa disparition, l'homme semble
au purgatoire. Notez que cela vaut mieux que d'être un mort vivant
comme ses complices du mouvement «Panique» Fernando Arrabal ou
Alejandro Jodorowski. Aux Cahiers dessiné, Frédéric Pajak tente
donc de le ressusciter avec des album énormes, qui trouvent leurs
amateurs. Le principe reste simple. Beaucoup d'images. Peu de texte.
Il y a juste ici une préface de Julie Bouvard. Son titre constitue
tout un programme: «Le refoulé se défoule». Comme le dit la dame,
«le dessin lui coulait des doigts.» Avec sa gaucherie assumée.
Mais, après tout, un artiste aussi lent et laborieux que Balthus
n'était pas non plus un Paganini du trait. «La virtuosité ne
s'apprend pas, on naît avec.»
Reste que Topor a créé un monde, inquiétant et parallèle, qu'il a ensuite su faire vivre. «Les chefs-d’œuvre de Topor nous rappellent qu'il y a un autre monde dans ce monde. Un autre réel dans le réel.» Un univers dont nous gardons le souvenir un peu confus. «En regardant ces dessins, nous retrouvons cette part enfouie, censurée, de nous-mêmes.» Comme en Suisse chez le Neuchâtelois Martiel Leiter, qui est lui heureusement bien vivant.
Pratique
«Topor, Chefs-d’œuvre I», Les Cahiers dessinés, 208 pages.