Le Zentrum Paul Klee de Berne étudie les rapports du peintre avec les animaux
La salle du bas du musée abrite une exposition consacrée au seul Klee. Sont cette fois analysées les utilisations que le Bernois faisait des poissons, des chats ou des "urchs". L'exposition reste un peu laborieuse.
"Sie brüllt, wir spielen". Ce tableau célèbre avait ici sa place.
Crédits: Zentrum Paul Klee, Berne 2019Ouvert en 2005, le Zentrum Paul Klee
(ZPK) comprend deux lieux d'exposition. Il y a celui du haut, qui
fait toujours parler de lui. Cette immense salle abrite aujourd'hui
une importante exposition Emil Nolde. Je vous en parlerai bientôt.
Et puis il existe l'espace du bas, dont il demeure moins souvent
question. Il faut dire que tout porte à y voir un emplacement secondaire, situé quelque part entre les
escaliers et les toilettes. Il s'agit pourtant d'une importante
halle, moins haute de plafond que la grande salle du rez-de-chaussée,
ce qui semble au départ un plus. Il faut pourtant bien diviser par des cloisons cet énorme machin, afin d'obtenir des cimaises et créer un peu d'intimité. Klee, je le rappelle, réalisait de très petits tableaux.
Chaque saison doit tourner autour d'un nouveau thème. La chose se se révèle pas toujours facile. Si les manifestations consacrées à Pablo Picasso peuvent se multiplier sans trop se ressembler (même si l'on tend à en abuser en ce moment!), Klee reste toujours Klee. La diversité de son inspiration surprend certes. Mais elle ne va pas jusqu'au perpétuel renouvellement. D'où une certaine impression de répétition, même le ZPK détient plus de 4000 œuvres du maître. Il faut aussi dire que si le Bernois a produit des toiles extraordinaires et des aquarelles stupéfiantes, le dessinateur déçoit un peu. Le trait de crayon se révèle si fin que de loin le visiteur a l'impression de se trouver face à une feuille blanche. Du minimalisme avant la lettre.
Dix modules
L'«Animalité» sert aujourd'hui de
fil conducteur dans les dix modules installés de biais pour
l'occasion. Ce jardin zoologique part un peu dans tous les sens. Il y
a de l'humanisation comme de l'animalisation. Des créatures
archaïques se voient regroupées sous le terme d'«Urchs». D'autres
œuvres mettent ensemble l'homme et ce que saint François d'Assise
appelait nos frères inférieurs. J’ai encore noté des hybrides.
Beaucoup de poissons. Des chats et des oiseaux. Plus des parodies
politiques bien sûr! En 1933, au moment de la prise de pouvoir en
Allemagne par les nazis, l'animal a servi à l'artiste de commentaire
sur le temps présent. Comme certains fauves, les hommes vont selon
lui se faire dresser.
L'ensemble vaut au visiteur quelques chefs-d’œuvre et des pièces sorties des réserves pour l'occasion. Pour tout dire, l'exposition peine un peu à prendre corps. Elle ressemble à une obligation remplie. Klee est ici chez lui. Il a droit aux honneurs. Mais l'ensemble manque d'enthousiasme et de fantaisie.
Pratique
«Paul Klee, Animalité», Zentrum Paul Klee, 3, Monument im Fruchtland, Berne, jusqu'au 17 mars. Tél. 031 359 01 01, site www.zpk.org Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h.