Le Rijksmuseum d'Amsterdam exposera tous ses Rembrandt du 15 février au 10 juin
L'institution possède 22 tableaux, 60 dessins et 1300 gravures. Pour ces dernières, il s'agira d'un choix. Les visiteurs verront du coup la paire de portraits conjointement acquise par la France et les Pays-Bas en 2015.

"La fiancée juive". Il s'agit en fait là d'un thème biblique traité en mode contemporain.
Crédits: Rijksmuseum, Amsterdan 2019.Il fallait trouver quelque chose. Le
Rijsksmuseum se devait d'avoir son exposition Rembrandt pour célébrer
en 2019 les 350 ans de la disparition du peintre hollandais. La
solution trouvée paraît simple. Le grand musée néerlandais,
dont la réfection a pris tant de temps et coûté tant d'argent
(plus de 400 millions de francs), a décidé de montrer ce qu'il
possédait de l'artiste. Le public va affronter quatre thèmes allant de la représentation de soi à la Bible. Une idée à la fois instructive pour le
public et pour une fois bon marché. Tout est sous la main...
Du 15 février au 10 juin, le «Rijks» montrera donc «Tout Rembrandt». Il y aura là les 22 tableaux que possède l'institution. La plus vaste collection du monde, ce qui peut sembler logique. Elle va des œuvres de jeunesse à «La Ronde de nuit», puis à «La fiancée juive» ou à l'autoportrait âgé (l'artiste faisait très vieux quand il est mort à 63 ans en 1669) en saint Paul. S'y adjoindront les quelque 60 dessins appartenant aux collections. Pour les gravures, il a cependant dû opérer des choix. En comptant les différents états de certaines pièces et un certain nombre de doublons, le Rijsksmuseum en détient 1300. Le public ne verra donc durant quatre mois, ce qui semble plutôt long pour du papier, une sélection de 300 épreuves. Les plus belles et les plus significatives. Ce sera moins tonitruant que la rétrospective de 2003 qui marquait les 400 ans de la naissance, bien sûr. Mais moins surpeuplé aussi, j'ose l'espérer. Je conserve un souvenir plutôt pénible cette bousculade digne d'une discothèque de plage italienne au mois d'août.
Le couple en visite
Deux choses sont à noter. Tout
d'abord, plus personne ne parle plus du «Rembrandt Project», resté
inachevé, qui débaptisait à tour de bras les œuvres jusque là
données au maître pour les donner à ses différents disciples.
Ensuite, «Tout Rembrandt» devrait donner l'occasion aux visiteurs
du «Rijks» de voir restaurés par pendant seize mois par une équipe
franco-néerlandaise les deux portraits en pied de Maarten et Oopjen
Coppit, exécutés par l'artiste en 1634. On se souvient de
l'interminable affaire, remarquablement mal gérée par la France,
qui a conduit à l'achat de Monsieur par les Pays-Bas et de Madame
par nos amis d'outre-Jura. Le tout pour 160 millions d'euros et en
promettant de ne jamais les séparer.

Ce devrait être le tour, ce mois, de la Hollande à bénéficier de ce qui ressemble fort à une garde alternée. Les tableaux voyageurs ont précédemment fait une escale de trois mois à Paris, où je les ai vus Le Louvre ne signalait comme il se doit pas leur présence. Le goût de la surprise, peut-être... Les vernis ont été allégés. Les couleurs sombres ont retrouvé des nuances. Le couple reste bien sûr toujours aussi peu séduisant. On reste picturalement loin des sommets de la fin. Les Coppit faisaient assez triste figure au Département des peintures face à la «Bethsabée», aux «Pèlerins d'Emmaüs» ou au «Bœuf écorché». Les pesants vêtements, qui prennent ici tant d'importance, restent noirs, voire ultra-noirs. Il y a des moments où j'ai pensé à un Soulages du XVIIe siècle.
Pratique
«Alle Rembrandt», Rijksmuseum, 1, Museumstraat, Amsterdam, du 15 février au 10 juin. Tél. 0031 20 674 70 00, site (à apprivoiser) www.rijksmuseum.nl Ouvert tous les jours de 9h à 17h. Réservation conseillée.