Trente ans déjà? Ou trente ansseulement? Tout est question de regard. N'empêche que, biennal, le«Parcours céramique» semble aujourd'hui bien ancré à Carouge. Ilfaut dire que la ville a pour elle une solide tradition en lamatière. Depuis plus de deux siècles, des ateliers de potiersparsèment ses rues. Il y a d'abord eu une production de faïencequasi industrielle. Elle va des Baylon à Marcel Noverraz. Nous enarrivons maintenant à l'artisanat d'art. Vous avez noté ladifférence. La production aujourd'hui montrée dans vingt-cinq lieux(en comptant ceux qui font l'objet de l'article situé une case endessous dans le déroulé de cette chronique) entend ainsi sedistinguer de la simple vaisselle. D'ailleurs, qui mange encore dansde la vraie céramique?
Au fil des décennies, la gestion du«Parcours», lancé en 1989, a passé de mains en mains, un peucomme le flambeau des jeux olympiques. L'organisation et laprogrammation sont aujourd'hui signées en tandem par Emilie Fargueset Mélanie Varin. L'événement lui-même se place sous le patronagede la Fondation Bruckner. Les participants restent en revanchetoujours un peu les mêmes. Il semble en effet difficile de concevoirun «Parcours» sans Marianne Brand, dont la galerie laisse toujoursune large place aux arts du feu, ou sans l'Atelier Maison Potter(aucun rapport avec Harry Potter), où travaillent de nombreuxcréateurs. Marianne, comme je l'ai déjà souvent dit, reste unesorte de déesse mère de la céramique en terres genevoises. Il fautdire qu'elle tournait elle-même avant de se mettre au service desautres. Sa consoeur Michèle Dethurens a hélas dû déclarer forfait cetteannée. Dommage... Elle proposait régulièrement des artistes trèsintéressants.
Public motivé
Autrement, tout roule donc entre la rueAncienne, la place de Sardaigne et le boulevard des Promenades. Le«Parcours» commence par deux journées portes ouvertes. Il faitplutôt beau cette année, ce qui joue son rôle. En ce samedi 28septembre, on ne peut pourtant pas dire que les foules se mobilisent.Le public est plutôt fait de gens motivés. D'acheteurs aussi.Suivant où, je vois des points rouges. La céramique demeure, àquelques noms prestigieux près, un art financièrement accessible.Rien à voir avec les prix affichés aux Bains ou en Vieille Ville.L'étiquette «arts décoratifs» n'a pas encore disparu en Europe.Ni en Chine apparemment, si j'en crois les listes que j'ai vuesaffichées pour des créateurs venus du pays de la porcelaine.

Que retenir de cette année? Difficilede répondre. Il s'agit selon moi d'une cuvée assez moyenne. Si leniveau général reste bon, je peux difficilement parler derévélations comme en 2017. Mais soyons positifs! VéroniquePhilippe-Gache a eu la main heureuse à Ligne 13. L'Anglo-EgyptienAshraf Hanna propose des vases aux signes sinueuses, mais simples.Ses monochromes semblent se répondre par paires. Le noir àintérieur jaune ne devrait pas se voir séparé du jaune àintérieur noir. Voilà qui double évidemment les dépenses. PeterKammermann donne dans l'hyper classique avec le Britannique MatthewWarner. Des urnes noires, dont la découpe rappelle les «blackbasalt» créés par la manufacture de Wedgwood à la fin du XVIIIesiècle, décor en moins. C'est délicieusement funéraire. Chez Nov, Laurin Schaub allie savoir-faireartisanal et design numérique avec bonheur. Le Suisse me semblemieux inspiré que le Néerlandais Olivier van Hept, qui manipule le3D en apprenti sorcier. Ses pièces, présentées par Téo Jakobfrappent par leur perfection glacée. Mais après tout, elles vontbien avec le mobilier triste fourni par cette maison au designsurgelé.
Les décors de Manuel Canu
Et autrement? Je n'ai pas tout vu, biensûr. J'ai cependant été frappé, comme tout le monde, par lesornements de terre crue apposés sur les murs de la Fonderie parManuel Canu. Un retour du décor tel qu'on le concevait jusque vers1914 pour les façades d'immeubles. Les constructions en biscuit deporcelaine de la Franco-belge Mart Schrijvers m'ont intrigué parleur agencement savant à la galerie Aubert Jansem. Les sculpturesabstraites, ou semi-abstraites, de la Française GisèleButhod-Garçon m'ont intéressé chez Séries Rares, même si le mot«intéressé» est affreux. Et il y a bien sûr ce que je n'ai pasaimé, de Jérôme Galvin chez C'Bos à Sarah Pschorn au Salon Vert.Le travail d'un artiste vous correspond ou non. L'objectivitén'existe pas. La création reste toujours après coup une affaire derencontres. Elle se fait. Ou elle ne se fait pas.

Il n'y a pas que desexpositions, dans le «Parcours». Ses responsables ont prévu desdémonstrations, des visites guidées, des ateliers, des conférenceset des projections. Il y a à la Fonderie un Café Céramique, oùl'on boit sans doute la tasse. Et, comme nous sommes dans un art dufeu, un «Fire Art» est prévu à la tombée de la nuit, place deSardaigne. Des flammes sortent alors d'une œuvre installée là oùse tenait lors de précédentes éditions un marché céramique. Ilme manque un peu, celui-là. Mais évidemment, la poterie viseaujourd'hui au grand art...
Pratique
«Parcours céramique», Carouge,divers lieu dans la ville. Jusqu'au 6 octobre. Ouvert du lundi auvendredi de 11h à 18h30, les samedis et dimanches de 11h à 17h.Site général www.parcoursceramiquecarougeois.ch Tél. 022 300 07 18.
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Le "Parcours céramique" de Carouge fête ses 30 ans dans vingt-cinq lieux genevois
Biennale, la manifestation est aujourd'hui bien ancrée. La cuvée actuelle reste moyenne, mais il y a tout de même d'excellentes expositions en galeries. Suivez le guide!