Cela peut bien sûr sembler dépassé, mêmes'il n'est jamais trop tard pour bien faire. L'exposition «Cananettoe Venezia» se termine ce dimanche 9 juin au Palais des Doges. Elle auraduré plusieurs mois. Alors pourquoi ne pas en avoir parlé avant, medirez-vous? Pour une bonne raison. Il s'agissait de la versionitalienne d'«Eblouissante Venise», une manifestation organisée auGrand Palais de Paris cet hiver. Je vous en avais parlé à l'époqueafin de déverser tout le mal que j'en pensais. Mauvais choix (aupluriel). Discours confus. Décor inepte se voulant ludique. Bref, lacatastrophe sur un joli sujet. Comment raconter au public actuel le«Settecento» (autrement dit le XVIIIIe siècle) sur la Lagune,avant que la République millénaire s'effondre sous les coups deboutoir d'un certain Bonaparte?
Basé sur une recherche commune, maispourvue d'une nouvelle équipe de commissaires, la présentation vénitienne était vraiment éblouissante. Elle. Bien sûr, le cadreformé par l'appartement du doge, n'y était pas étranger. Mais il yavait là un réel désir de montrer des chefs-d’œuvre, de fairesimple et d'éviter les excès de mise en scène. Se sont ainsi vuséliminés les objets inutiles et les tableaux moyens. Il fallaitaller à l'essentiel. Le couple de tableaux initial se révélait ducoup parfait. D'un côté, il y avait «Neptune déversant lestrésors de la mer aux pieds de Venise». Un Tiepolo à grandspectacle montrant un monde idéal arrivé à sa fin. La Sérénissimeavait entamé son déclin, même si elle aurait pu tenir le coup unsiècle de plus. De l'autre le «Ridotto» de Guardi, décrivant demanière réaliste un casino. Venise est devenue un tripot vers 1750.
Une sorte de concerto
Tiepolo, Guardi... C'est là que letitre montrait ses limites. Il n s'agissait pas d'une rétrospectiveCanaletto de plus, dont auraient été enlevées les créations de lapériode anglaise. Il s'agissait de présenter tous les peintres dela Ville ayant alors œuvré, parfois à l'étranger comme SebastianoRicci ou Giovanni Antonio Pellegrini. Canaletto se retrouvait du coupsoliste d'une sorte de concerto. Il y avait aussi, afin de compléter,de la sculpture, de l'argenterie et de la porcelaine. Mais en petitequantité. Il fallait éviter le grand bazar, comme au Grand Palaisparisien. Le Palais des Doges se devait de mettre en avantquelques prêts fabuleux comme «La cour des tailleurs de pierre» deCanaletto, que la National Gallery de Londres ne laisse normalementjamais sortir, ou «La mort de Jacinthe» de Tiepolo, envoyé par leMusée Thyssen de Madrid.

Pourquoi cet article, au fait? Pourdeux raisons. La première est de laisser une modeste trace. Laseconde d'expliquer que, lors d'une exposition en plusieurs étapes,rien n'est perdu si la première d'entre elles apparaît ratée.La barre peut se voir redressée. Il est permis de retravailler lesujet. Une partie des œuvres se modifie au besoin. L'accrochage serevisite. Le seul ennui, c'est que la mauvaise impression de départsuit son cours. La réputation reste une chose qui se traîne, comme un boulet. C'estla dernière semaine seulement que j'aurai franchi la seuil du Palaisdes Doges. Pour voir tout de même...
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Le Palais des Doges a réussi son Canaletto, qui évoque en fait tout un siècle vénitien
J'ai trop tardé à parler de cette exposition. Il s'agit du sauvetage de "Eblouissante venise", un ratage parisien. Morale de la chose, tout peut s'arranger.