Le MCB-a lance hardiment son année 2021. Voici le programme jusqu'en septembre
Alors que le musée ouvre ce vendredi l'exposition Anne Rochat, il a de beaux projets. L'un est un Maurice Denis en "pool" avec Orsay. L'autre la rétrospective Jean Otth.

Le célébrissime "Les Muses" de Maurice Denis (1893) devrait faire le voyage depuis Paris.
Crédits: RMN.L’incertitude ferait-elle vivre, comme l’espoir? C’est la question que peuvent aujourd’hui se poser les institutions helvétiques. Alors qu’on saura ce vendredi soir si les musées du pays se reconfinent (certains pour la seconde fois, d’autres pour la troisième), plusieurs d’entre eux communiquent leur programme 2021. C’est fou, ou plutôt c’est flou. Mais après tout, en 2020, toutes les manifestations prévues, ou presque, ont fini par avoir lieu. Un exploit dont ne peuvent hélas se targuer ni les théâtres, ni les opéras, ni les salles de concert…
A Lausanne, je vais me limiter aujourd’hui au MCB-a, puisqu’il n’y aura pas, jusque tard dans l’année, d’Elysée ou de Mudac. Le déménagement prévu à Plateforme10 n’est pas pour demain. Cela dit, vus depuis la plateforme (difficile de dire «l’impériale») des trains à deux étages, les travaux viennent d’accomplir un bond de géant. C’est toujours comme cela. La partie enterrée a longtemps donné une impression de stagnation. Les murs sortant du sol produisent autrement plus d’effet.
Déplacement et inconfort
Au MCB-a donc, il y a d’abord l’actualité. Anne Rochat, Prix culturel Manor Vaud de 2020, expose dès ce 11 décembre à l’Espace Projet. Installée à Berlin, qui tient aujourd’hui du lieu commun artistique, la vidéaste montre à Lausanne son travail des dix dernières années. La formule tient en une seule de ses phrases, il est vrai un peu alambiquée. «Il s’agit de faire l’expérience sensible du déplacement, de l’inconfort, de l’exotique, du dérangeant ou de l’étonnant puis de chercher à en restituer la substance dans une forme incarnée dans un corps, généralement le sien.» Vous avez tout le temps de méditer cela jusqu’à ce que je vous en parle… si le MCB-a reste ouvert. Je préciserai néanmoins que l’exposition doit se décliner en trois temps, sans qu’il s’agisse pour autant d’une valse. Le programme vidéo actuel, valable jusqu’au 3 janvier, sera suivi par deux autres.

La photo officielle pour l'exposition d'Anne Rochat, MBC-a, Lausanne 2020.
Voilà pour le présent. Et l’avenir? Eh bien, d’ici septembre 2021, deux premières fournées d’accrochages se voient annoncées. Du 12 février au 16 mai, la grande exposition sera double. Elle se verra d’une part dédiée, en partenariat avec Orsay (1), à Maurice Denis. «Amour». Un retour du Nabi à Lausanne alors que Genève, où le peintre a beaucoup travaillé (ONU, BIT, église Saint-Paul…), ne lui a jamais consacré serait-ce le début d’un commencement de prémisses de rétrospective. L’autre volet se révélera sculptural. «Matières en lumière». Il ira de Rodin à Jeff Koons. Du 18 juin au 12 septembre, ce sera ensuite l’hommage promis et repoussé au pionnier vidéaste vaudois Jean Otth. La chose se verra accompagnée d’une chose encore nébuleuse intitulée «Jardin d’Hiver #1. Je crains qu’il s’agisse là d’une présentation de Denis Savary.
Les reliques de Boltanski
Deux projets à l’Espace Projet. La Collection BCV (comme Banque cantonale vaudoise) occupera l’endroit du 12 mars au 23 mai. Puis ce sera le tour de Sandrine Pelletier, qui a reçu le Prix Buchet 2021. L’Espace Focus sera pour sa part offert à René Baumeister du 12 mars au 30 juin, puis à Christian Boltanski du 2 juillet au 19 septembre pour ses «Reliques et monuments»..
Voilà pour le MCB-a. Je vous ai déjà tout dit il y a quelques jours pour le Kunsthaus de Zurich. Si vous êtes bien sages, je vous dirai demain ce que mitonne le Kunstmuseum de Bâle pour l’an nouveau.
(1) Un prêté pour un rendu. Lausanne a fourni à Orsay une bonne partie de son exposition Charles Gleyre en 2016.