J'avais ce livre en attente, comme bien d'autres. Une chronique comme la mienne ressemble à unepiste d'aérodrome. Il existe chez moi une liste d'attente pour lesdécollages. Je pourrais aussi faire penser aux urgences d'unhôpital. Ce qui est presse le plus passe en premier. Il y a toujoursl'exposition qui va se terminer. Le salon durant quatre jours. Unequestion de temps qui n'existe pas pour un bouquin. Celui-ci reste enlibrairie des mois et, si tel n'est pas le cas, il peut toujours secommander.
Je vous avais parlé cet été de ladernière leçon. dans l'ex-Ecole de Chimie du boulevard desPhilosophes genevois, de Leila El-Wakil. Un excellent spectacle oùl'enseignante avait préféré raconter son parcours que donner uncours ex cathedra. Il faut dire que le public était formé d'amis.La chose prête aux confidences. Il y a aussi un côté étrange dansle parcours de cette passionnée du patrimoine. Comme le relèveBrigitte Mantirelli dans la préface du «mélange» offert alors àla professeure (la féminisation est ici de rigueur), Leila a dûattendre sa nomination jusqu'en 2013, «alors qu'elle étaitassistante d'un professeur de l'UNIGE depuis 1980, puis suppléante àNeuchâtel en 1994 déjà.» Madame Egalité impute le genre. Je mepermets d'ajouter une forte personnalité qui dérange. L'Alma Materne se caractérise pas par l'indépendance d'esprit.
Genève et l'Orient
Mais passons au contenu de l'ouvrage.Vous savez ce que sont des «mélanges». Il s'agit de textes, engénéral courts, portant sur des sujets divers. Ces écrits serattachent si possible aux activités de la personne quittant sesfonctions. Ces hommages ont tendance à paraître un peu tard. Voiretrop tard. Il faut saluer ici le travail d'intendance de Silvia Naef,de Pauline Nerfin et de Nadia Radwan. Elles ont tout fait pour que cegros volume sorte à temps. Il faut imaginer le travail decoordination, la recherches de fonds, sans oublier les quelques coupsde pied dans le derrière pour que les auteurs rendent leurscontributions dans les délais impartis.
Il y a bien sûr du genevois dans«D'une rive à l'autre: patrimoines croisés». Tous les noms voulussont au rendez-vous, de Matthieu de la Corbière à Frédéric Elsigen passant par Anastaszja Winiger-Labuda, Véronique Palfi ouIsabelle Brunier. Il est aussi bien questions ici de la salled'apparat du château de Dardagny que du chalet de la Tour àBessinge et des villas de luxe de l'architecte Anne Torcapel.D'autres auteurs amènent forcément d'autre rivages. Il vont duBayreuth rococo, aujourd'hui éclipsé par les mugissementswagnériens, à Toulouse. Il fallait enfin un peu d'Orient pourrappeler les origines égyptiennes de Leila. La chose permetnotamment à Jan Blanc, qui coiffe la Faculté des lettres, de donnerun dictionnaire des peintres hollandais actifs sous des cieuxexotiques au XVIIe siècle. Mais où trouve-t-il le temps de faireça?
Un peu de théorie pour finir
L'épais volume se termine avec un peude théorie, alors que celle-ci précède traditionnellement lapratique. Barbara Roth-Lochner traite des patrimoines documentaires,dont le volume explose et se diversifie. Sabine Nemec-Piguet, quiapproche elle-même de la retraite, aborde des questions de chantier.Je ne cite bien sûr pas tout le monde. Dans cet aréopagescientifique réuni autour de la personne de Leila El-Wakil, il y abien trop de gens, que je ne connais d'ailleurs pas tous. Il me fauten effet dire, avant de clore, qu'il s'agit de textes lisibles.Clairs. Peu jargonnants. Destinés à de vrais lecteurs. La chosemérite de se voir saluée. L'Alma Mater ne donne pas toujours dansle consommable. Elle entretient même parfois un fâcheux goût pourl'entre-soi.
Pratique
«D'une rive à l'autre: patrimoinescroisés», ouvrage collectif, aux Editions Slatkine, 340 pages.
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Le livre "D'une rive à l'autre: patrimoines croisés" salue le départ de Leila El-Wakil
Il s'agit d'un mélange. Comprenez par là que différents scientifiques ont donné chacun un article pour l'ouvrage marquant la fin de la carrière universitaire de la Genevoise, une activiste du patrimoine construit.