
Jamais deux sans trois. En 1992, le Kunsthaus de Zurich présentait pour la première fois «The 2000 Sculpture» de Walter De Maria. Une commande d’Harald Szeemann pour la grande salle du musée dans l’aile Bührle de 1958. Du sur-mesure, dont la fabrication avait duré dix ans. Il faut dire que le titre se se référait pas uniquement au millénaire alors à venir. Il y avait bien sur le sol 2000 barres de gypse, longues de cinquante centimètres et à la couleur d’un blanc pharmaceutique. L’œuvre s’est ensuite vue remisée, non sans mal. Devenue propriété de la Walter A. Bechtler-Stiftung, elle a émergé des caves en 1999-2000. La date fatidique approchait. Depuis plus rien, du moins en Suisse. Cette pièce en kit a en effet pas mal voyagé, notamment aux Etats-Unis.

La totalité de la grand salle du Kunsthaus. L'espace est accentué par l'objectif du photographe. Photo Succession Walter de Maria, Kunsthaus, Zurich 2021.
Alors que l’ouverture du nouveau bâtiment ajouté au Kunsthaus par David Chipperfield ne demeure plus qu’une question de jours (c’est pour le 9 octobre), l’institution propose une nouvelle fois «The 2000 Sculpture» dans le lieu pour lequel la pièce a été conçue. Cette dévoreuse d’espace occupe des centaines de mètres carrés. Le public tourne autour de vingt rangées de cent barres. La chose modifie à chacun de ses pas la perception de l’ensemble, qui semble bouger. Il se crée en effet, avec ces chevrons de plâtre, des lignes de fuite changeantes. Le visiteur découvre aussi avec surprise que les barres, apparemment similaires, ne sont pas toutes identiques. Il y en a en forme de pentagone (cinq facettes), d’heptagone (sept côtés) et d’ennéagone (neuf arêtes). Un élément de variété pour une œuvre qui eut autrement sembler très monotone.
Un rythme musical
Cette énorme pièce voulue par Harald Szeemann (qui était alors le dieu des curateurs d’expositions) possède ainsi un rythme musical. La chose s’était vue expliquée dans un catalogue paru lors de la présentation de 1999. Il s’est aujourd’hui vu réédité avec de nouvelles contributions en complément. Il faudrait ainsi voir dans «The 2000 Sculpture» une sorte de partition. Celle-ci se lirait sous la lumière, que Walter de Maria avait voulu assez vive. Une grande partie des caches du plafond, diffusant en temps ordinaire des néons, s’est d’ailleurs vue enlevée afin de fournir un éclairage zénithal naturel. Il faut bien sûr que le spectateur joue le jeu, comme avec toute création minimale qui se respecte. Autrement, c’est le ici le grand désert blanc…
Il ne me reste plus qu’à vous dire quelques mots sur Walter de Maria, décédé en 2013 à New York. Le Californien était né en 1935. Formé à Berkeley, il a passé par les happenings alors naissants, le théâtre et l’écriture avant de donner ses première sculptures courant 1961. Le minimalisme commençait alors son essor, parallèlement à ce qui deviendra le pop-art. De Maria faisait en plus de la musique, comme batteur dans le légendaire Velvet Underground de Lou Reed. Il a entamé son grand œuvre en 1969. C’est le «Lighting Field», qui joue en plein désert avec les éclairs appelés au sol par des barres de métal. De Maria a vite été connu en Europe. Le Kunstmuseum de Bâle lui a consacré une grande exposition dès 1972. La suite de sa carrière se révèle avec le recul plus discrète. Le moment historique du minimalisme était passé. La commande d’Harald Szeemann tenait du coup de la remise en selle. Voilà. Vous savez (presque) tout.
Pratique
«Walter de Maria, The 2000 Sculpture», Kunsthaus, 1, Heimplatz, Zurich, jusqu’au 20 février 2022, Tél. 044 253 84 84, site www.kunsthaus.ch Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, le mercredi jusqu’à 20h.
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Le Kunsthaus de Zurich ressort le gigantesque "The 2000 Sculpture" de Walter de Maria
Cette pièce composé de deux mille barres de gypse blanc avait été présentée lors de sa création en 1992, puis en 1999-2000. C'est évidemment très austère.