Le Kunsthaus de Zurich expose aujourd'hui la partie intime de la collection Hubert Looser
Picasso, Gorky, Warhol... L'Alémanique, dont les oeuvres doivent rejoindre le grand Kunsthaus en 2021, a aussi rassemblé des dessins, des gravures et de petites sculptures.

La "Sylvette" de 1954, qui fait l'affiche.
Crédits: Succession Picasso. Photo fournie par le Kunsthaus de Zurich.C'est l'un des gros morceaux appelés à
entrer au futur Kunsthaus de Zurich, dont l'ouverture est toujours
prévue pour 2021. Le bâtiment a aujourd’hui dévoilé ses
façades. Avec (notamment) la Fondation Bührle et une partie de la Collection
Merzbacher, l'ensemble réuni par Hubert Looser va se retrouver prise dans
une sorte de grand tout. L'institution ambitionne en effet de devenir
le plus grand musée de Suisse. Il y aura cependant compétition avec
le Kunstmuseum de Bâle. A moins bien sûr que les deux entités se
révèlent complémentaires...
Les Zurichois (et même quelques étrangers venus de la lointaine Suisse romande) ont déjà vu une partie des œuvres d'Hubert Looser, axées sur l'art moderne et contemporain. La grande salle du Kunsthaus avait présenté des pièces spectaculaires, en compagnie d'un peu d'art suisse et de quelques objets archéologiques en 2013. Je vous en avais alors parlé. Aujourd'hui, à l'endroit où se trouve ordinairement la Fondation Giacometti (mais tout se retrouve en peu bouleversé par le chantier!), le Kunsthaus propose des créations plus intimes sous le titre de «Picasso-Gorky-Warhol». Il s'agit de créations sur papier comme le dessin ou la gravure, mais aussi d'un peu de sculpture. Des pièces de dimensions relativement modestes, même si deux des tableaux sur papier Willem de Kooning montrés peuvent apparaître énormes.
Beaucoup d'art suisse
Les trois noms choisis pour l'intitulé
sont destinés, bien sûr, à attirer le public. Ce ne sont pas les
artistes dont il se retrouve le plus d’œuvres aux murs. Arshile
Gorky est représenté par une seule très grande composition à l'encre,
d'une qualité exceptionnelle. Andy Warhol est là avec deux dessins
au crayon représentant le premier un dormeur. Une création précoce
de 1955. L'autre un portrait de Mao plus attendu. Quant à Pablo
Picasso, il ne m'a semblé figurer là que grâce à un portrait
peint en noir sur une structure métallique blanche. Une «Sylvette»
de 1954. Nous sommes donc avec l'Espagnol au carrefour des arts.

D'autres créateurs se voient plus abondamment représentés. Je pense à David Smith, dont la sculpture reste peu connue sous nos latitudes en dépit d'une belle rétrospective en 2006. C'est loin déjà... A Sean Scully. De Kooning, déjà cité, est au Kunsthaus grâce à 39 œuvres, dont une étonnante série de 26 dessins plutôt petits pour un peintre américain abstrait. Il y a une sculpture d'Anthony Caro et deux bronzes de Serge Brignoni. Un Tessinois de Paris. La création helvétique est par ailleurs abondante. Les Suisses n'ont pas peur de leurs artistes de la seconde moité du XXe siècle, comme les collectionneurs français. Si le Soutter au doigt est forcément antérieur à 1942, date de la mort du Vaudois, Looser a inclus aussi bien André Thomkins que Martin Disler, Dieter Roth ou Kurt Seligmann, dont le visiteur peut admirer un beau dessin surréaliste à la plume. Thomkins ou Seligmann ne se voient en général pas jugés assez valorisants. A tort. Vous avez vu beaucoup de leurs œuvres, vous, dans les musées alémaniques ou à la Fondation Beyeler?
Pratique
«Picasso, Gorky, Warhol», Kunsthaus, 1, Heimplatz, Zurich, jusqu'au 5 janvier 2020. Tél. 044 253 84 84, site www.kunsthaus.ch Ouvert de mardi au dimanche de 10h à 18h le mercredi et le jeudi jusqu'à 20h.