
Le Kunsthaus de Zoug, (puisqu’il existe un dans cette ville un Kunsthaus comme à Aarau ou à Zurich) est surtout connu pour abriter la Fondation Kamm. Cette belle maison ancienne, située en face d’un château pour contes de fées, montre ainsi souvent l’essentiel d’un impressionnant ensemble consacré à la Sécession viennoise. Le plus important en Europe hors d’Autriche, à ce qui se dit. Vous avez pu vous faire une idée de ses richesses en allant l’année dernière au MCB-a. L’institution lausannoise avait puisé là une bonne part de son exposition inaugurale sur le sujet, que sa commissaire Catherine Lepdor avait appelé «A fleur de peau».
L’«Hommage à Peter et Christine Kamm» ne concerne plus les créateurs de cette fondation, Fritz et Editha, qui avaient beaucoup acheté juste après la guerre sur les conseils du sculpteur Fritz Wotruba. Une époque où Klimt ou Schiele ne valaient à peu près plus rien (1). Le couple aujourd’hui honoré appartient en effet à la génération suivante. Peter Kamm est leur fils, né en 1935. L’homme a fait carrière d'architecte, fondant un cabinet qui existe encore en 1962. Il devait épouser plus tard Christine Kyburz, de quatorze ans sa cadette. Elle même était historienne de l’art, spécialisée dans l’architecture ancienne. Après un mémoire sur un Scamozzi du XVIIIe siècle (et non pas le célèbre Vincenzo du XVIe!), la femme avait plongé dans l’étude du patrimoine local. Zoug et les environs. Le couple avait du coup participé activement au sauvetage de Richisau, ou plutôt de son hôtel, haut-lieu glaronnais du tourisme au XIXe siècle (2).
De Roman Signer à Richard Long
Si les goûts de Kamm peuvent ainsi sembler tournés vers le passé, leur activité de collectionneur se voulait en revanche toute modernité. Les époux achetaient beaucoup, de préférence suisse. Je dirais même local. Il privilégiait des pièces qui se seraient vite vues qualifiées de «difficiles». Les collectionneurs se sont ainsi intéressé aux performances de Roman Signer, dont ils possédaient des photos, et une installation comprenant de multiples vidéos. Ou à Kurt Sigrist, un créateur peu connu de ce côté de la Sarine. Sculptures et installations de bois. De Sigrist, le Kunsthaus propose ainsi une énorme salle pleine au rez-de-chaussée.
Il y a autrement un cheminement de pierres rouges de l’Anglais Richard Long comme quelques meubles de Josef Hoffman, achetés sans doute pour compléter l’ensemble familial. Des gravures de Piranèse ou des sièges design. Plus des dessins de Robi Horn. L’ensemble proposé par le commissaire Matthias Hadelmann (3) tient à refléter l’ensemble des intérêts du couple, qui s’est un peu éparpillé. L’exposition elle-même a du coup dû choisir un titre rassembleur et neutre. Elle s’appelle «Zeit und Raum», autrement dit «le temps et l’espace». Voilà qui compromet personne! Il s’agissait en fait pour l’institution de remercier des mécènes aujourd’hui disparus. Peter Kamm est mort en 2008 et Christine en 2019. Il n’y a pas que le musée à vouloir se montrer reconnaissant. Le 9 janvier, Roman Signer proposera une de ses actions pour le «finissage».
(1) Il fallait juste faire attention de ne pas acquérir un objet spolié. - (2) Peter Kamm a en fait reconstruit l’hôtel disparu de Richisau. - (3) Matthias Hadelmann est par ailleurs le directeur du Kunsthaus zougois.
Pratique
«Zeit und Raum, Hommage à Peter et Christine Kamm», Kunsthaus, 27, Dorfstrasse, Zoug, jusqu’au 9 janvier 2022. Tél. 041 725 33 40, site www.kunsthauszug.ch Ouvert du mardi au vendredi de 12h à 18h, les samedis et dimanches de 10h à 17h.
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Le Kunsthaus de Zoug rend hommage aux collectionneurs Peter et Christine Kamm
Architecte, Peter était le fils des fondateurs de la Fondation Kamm consacrée à la Sécession viennoise. Avec sa femme Christine, il achetait en revanche contemporain.