C'est rare, évidemment. En principe,on s'y ennuie plutôt en attendant que ça passe. Il y a tout de mêmedes conférences de presse qui font du bien. C'est le cas de cellequ'a donnée lundi matin le Musée cantonal des beaux-arts dans ce quiformera son nouveau bâtiment à Plateforme10. Cette fois-ci, nousétions logés à l'intérieur. Être assis immobiles signifieparfois que les choses bougent. Pendant que s'exprimaient derrièrela traditionnelle table les Conseilleurs d’Etat, le président dela Fondation et le directeur de l'institution, le public pouvait voirles ouvriers s'affairer derrière les vitres. Dame! Il faut que lesclefs du bâtiment soient rendues début avril, autrement dit demain.Cela veut aussi dire qu'il existe désormais un dehors et un dedans.Et dedans, le public sent bien que le chantier arrive àbout-touchant.
Tout le monde avait donc l'air ravi.C'était le cas d'Olivier Steimer qui ouvrait les feux en tant queprésident de la Fondation du Musée cantonal des beaux-arts. Celuides conseillers Pascal Broulis et Cesla Amarelle. Et bien sûr celuide Bernard Fibicher, l'homme ayant porté le projet de ce qui neconstitue pas une extension, mais une construction nouvelle. Unbâtiment aveugle, ou presque, d'un côté. Celui des rails de lagare. Un bâtiment ouvert de l'autre, avec un petit côté feuilletédonné par les lames de béton rythmant l'interminable façade. Il faut direque le spectateur voit mieux les choses, maintenant que leséchafaudages ont disparu. L'édifice constitue une épure. Il n'y apas eu la mauvaise surprise des riverains du futur Centre Pompidou.Ils croyaient naïvement dans les années 1970 que les tubulairescaractérisant l'édifice étaient provisoires.
Performances dans des salles vides
Respectant les règles du jeu, OlivierSteimer a remercié tout le monde, et même les autres. C'est qu'il afallu du monde pour en arriver là! Puis le président a donné uncalendrier qui n'a rien des fumigènes de celui du futur MAHgenevois. Le 6 avril, c'est donc la remise des clefs. Je ne sais pass'il y aura un coussin rouge, mais il s'agira d'un symbole fort. Estalors prévu un weekend dans les salles vides avec des performances,dont une pièce mythique de Pierre Huygue, «Name Announcer». Chaquevisiteur se verra annoncé en grande pompe par ce que l'on appelaitjadis un aboyeur. Les 5 et 6 octobre, quand l'équipe serainstallée et que les œuvres auront été accrochées, ce seront lesdeux jours d'inauguration. Ils révéleront un «Atlas» en dixparties. Thomas Hirschhorn en remplira une à lui tout seul. Il fautdire que le plus contestataire (et un temps le plus subventionné)des artistes helvétiques ne donne pas précisément dans laminiature.
Je ne vais pas vous citer tout lemonde. Il y a tout de même dix mois à attendre. Sachez seulementque le but est de «mettre les collections en valeur sur tous lesespaces disponibles de la construction.» Il s'agira de refléter lesprincipales donations allant de 1840 à aujourd'hui, «avec un accentmis sur les dernières entrées.» Je précise à ce sujet que nombred'entre elles sont le fait d'Alice Pauli, la légendaire galeristelausannoise. Elle vient d'ailleurs de faire cadeau de quinzenouvelles œuvres signées Veira da Silva, Rebecca Horn, WilliamKentridge, Pierre Soulages et bien sûr Giuseppe Penone. Son chouchou. Une piècede ce dernier, ne mesurant pas moins de six mètres de long, vientainsi d'entrer dans les collections. «Elle nous a dit que sonsouhait était d'accroître notre fonds avec les créations des plusgrands contemporains.»
Vienne 1900 comme premier temps fort
Après avoir mis le musée en vedette,avec en prime la sortie d'un nouveau catalogue des collections,l'équipe (plutôt restreinte en dépit des engagements, nous nesommes pas à Genève) pourra passer aux expositions temporaires. Cesera en 2020. Elles occuperont plusieurs espaces spécifiques. Il estici question d'Est et d'Ouest, ce qui m'a vite fait perdre le Nord.J'ai néanmoins noté un Espace Dossier, voué au papier. Il y auralà Albert-Edgard Yersin à partir du 10 avril 2010. Lui succéderontsoixante aquarelles de Giovanni Giacometti le 10 juillet puisChristian Boltanski le 30 octobre. L'Espace Projet apparaît moinsintime. Il abritera trois au quatre présentations par an, axéesautour de l'art contemporain et émergent, dont les Prix Buchet etManor, avec parfois des pièces créées in situ. En 2010 le lieu sera ouvert par la Russe Taus Makhacheva. Ellesera suivie par L'Argentin Jorge Macchi, puis le ou la lauréat(e) duPrix Manor, «dont nous ne savons pas encore le nom.» Il faut direque le concours n'est pas encore lancé à l'heure où je vous parle.
Il y aura enfin les grandesexpositions. Celles que tout le monde attend. La première s'intitulera«A fleur de peau». Elle parlera de la Vienne des années 1900, unsujet très à la mode depuis une trentaine d'années. Il faut direque la capitale autrichienne d'alors était ce qu'on appelle unlaboratoire de la modernité avec notamment cette psychanalyse donton est en train de revenir. Il y aura du Klimt et Schiele, mais passeulement eux. «Nous travaillons avec l'Albertina, le Belvedere etune très importante fondation basée à Zoug.» Suivra en juin lamanifestation remplaçant «Accrochage Vaud». Autrement dit unpanorama de la jeune création locale. «Elle sera organisée tousles deux ans par un commissaire indépendant désigné à cet effet.»Viendra en même temps une rétrospective dédiée au vidéastevaudois Jean Otth (1940-2013). Un pionnier. L'année se termineraenfin en octobre avec Kiki Smith, qui n'est pas que la fille dusculpteur américain Tony Smith. «Il s'agit pour moi l'une desgrandes créatrices d'aujourd'hui.»
Le centenaire Vallotton
Le tour de table s'est achevé parCesla Amarelle. La Madame Culture voyant aujourd'hui l’aboutissementd'un projet mené par ses prédécesseurs. «Il n'est pas commun devivre ce que nous vivons en ce moment.» La Conseillère d'Etat sedit ravie que le musée ne soit pas que patrimonial mais table sur lajeunesse et l'innovation. Sa grande nouvelle ne s'en situe pas moinsdans le camp des anciens. «Pour 2025, qui marquera les 100 ans de samort, nous prévoyons une grande rétrospective sur FélixVallotton.» Comment dire... J'aime bien Vallotton, qui seranotamment présenté à Londres l'année prochaine. Mais il me semblequ'à force de voir des hommages rendus au grand Vaudois j'ai finipar faire le plein. Cela dit, 2025, c'est tout de même loin. CeslaAmarelle s'en rend d'ailleurs compte. «Je verrai si je serai alorsencore en charge de la Culture!»
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Le futur Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne dévoile son programme
La conférence de presse du lundi 26 novembre a révélé l'avenir. Un weekend dans les salles vides en avril. Les collections déployées à partir d'octobre. Puis plein d'expositions dès 2020.