C'est une bonne nouvelle. Il en fautbien une de temps en temps. Une opération de recherches de fonds(dites plutôt «crowfunding» pour ne pas avoir l'air largué) aréuni assez d'argent pour racheter le château d'Ebaupinay, dans lesdeux-Sèvres. Un grand malade, et cela depuis longtemps. L'édificemédiéval est ruiné depuis 1796, mais il tient debout. Cela dit, jen'ose imaginer l'argent qu'il faudra pour le remettre sur pieds, oupour être plus exact bien planté dans son sol.
L'opération a été menée de manièreconjointe en ligne par deux associations, Adopte un château etDartagnan. Il s'agissait de le reprendre des mains de la familleCorbière, à bout de souffle. Ses membres avaient commencé partenter de le vendre. Une chose devenue impossible. Ce type debâtiments seigneuriaux ne fait plus rêver personne en 2019. Il n'ya plus de coups de cœur d'un riche Américain ou d'une famille ayantfait fortune dans l'industrie. On en est arrivé au point qu'unchâteau, même en bon état, même situé près d'une ville,n'arrive plus à se transmettre d'une génération à la suivante.Les enfants déclarent forfait. Ils ne veulent plus se retrouver liésà vie avec des murs et un toit constituant des gouffres financiers.C'est le cas même en Suisse romande.
Une troisième tentative
Les Corbière déçus se sont tournésvers le financement participatif. C'est là que sont intervenusAdopte un château et Dartagnan, qui ont derrière eux en 2017 uneexpérience réussie, La Mothe-Chandeniers, et un échec, Paluel.Dans le premier cas, 27 910 internautes avaient répondu présent àpartir de 115 pays. Dans l'autre, il s'était finalement trouvé un unique enchérisseur mettant davantage d'argent sur la table. Lachose ne constitue pas une catastrophe si l'acquéreur remplitensuite ses devoirs.
Pour Ebaupinay, il a fallu moins demonde: 10 262 personnes faisant des clics dans 96 pays. Il y auraévidemment une suite, et celle-ci risque de se révélerinterminable. Mais il faut bien faire face aux réalités. Celles-ci n'ont rien de rose. L'Etat ne pourra plus à l'avenirn'entreprendre que quelques restaurations, surtout s'il s'engage dansdes travaux aussi pharaoniques que ceux prévus à Paris pour leGrand Palais à partir de 2010 (466 millions d'euros). Unepersonnalité comme Stéphane Bern possède surtout une utilité delanceur d'alertes et de sensibilisation. Un travail qu'il fait d'ailleurs trèsbien. L'Angleterre, l'Ecosse ou l'Italie possèdent depuis longtempsdes organisations privées ayant pris le relais. Le National Trustest plus que centenaire. Le Fondo per l'Ambiente Italiano a quelquesdécennies derrière lui. Cela dit, le Trust ne se lance pas dans desentreprises aussi lourdes qu'Ebaupinay. Il lui faut des domaines enbon état, et si possible rentables.
Ce que je viens de vous dire sort enpartie du «Figaro». Comme d'habitude. Pourquoi faut-il donc qu'unseul quotidien national s'intéresse au patrimoine? Ce dernierserait-il trop de droite pour «Le Monde» ou «Libération»? Ils'agit pourtant là d'un bien commun!
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Le crowfunding sauve en France le château médiéval d'Ebaupinay, ruiné depuis 1796
Deux Associations se sont mobilisés sur le Net. Adopte un château et Dartagnan ont intéressé 10 262 contributeurs dans 96 pays. Il y aura ensuite du travail. Mais la France n'échappera au passage su public au privé.