
A chacun sa photographie. A Lausanne, l’Elysée parie sur une création «plasticienne». A Winterthour, la Fotostiftung Schweiz réserve, comme le suppose le nom adopté, son attention à une production suisse prise au sens le plus large. Dans la même ville, le Fotomuseum se veut généraliste, dans ke genre austère. Au musée du Locle, où Nathalie Herschdorfer privilégie le 8e art, la photo se retrouve vue sous son angle historique, avec l’intelligence et le recul que la chose suppose.
Et à Genève? Eh bien, passé il y a bien des années du Grütli au Bâtiment d’art contemporain (ou BAC), le Centre de la photographie donne dans le politique. Une option crânement assumée par son directeur Jörg Bader. Son espace du rez-de-chaussée propose ainsi de petites présentations thématiques abordant ce que l’on appellera les grands thèmes de notre temps. Des drames récurrents. Lancinants. «Un archipel des solidarités» se penche ainsi sur les migrants bloqués en Grèce depuis des années dans des camps insulaires. La manifestation actuelle est d’ailleurs organisée sous l’aile de Jean Ziegler, qui a sorti au début de l’année «Lesbos, La honte de l’Europe», et le FIFDH (ou Festival international du film des Droits humains). Un rendez-vous cinématographique annuel qui n’a pas pu avoir lieu cette année pour les raisons que vous devinez.
Avec Jean Ziegler
Accompagnée d’un gros livre paru aux éditions Loco, l’exposition de Christiane Vollaire et Philippe Bazin part d’un reportage réalisé à partir de 2017-2018. Les images accrochées au BAC sont avant tout des portraits non pas de migrants, mais de gens leur venant en aide par le biais de diverses associations résolument non-gouvernementales. Pas de noms ici, mais des origines et des fonctions. Ces gens nés sur place ou venus d’ailleurs utilisent leur énergie et leur savoir pour soulager des maux à l’origine plus politiques qu’économiques. L’idée est de pointer le doigt vers les collusions entre les pays européens et la Grèce qu’ils ont asservie après la crise financière de 2008 pour stopper à tout prix la vague migratoire. Cette dernière a pour tort d’intervenir au moment où le monde ne connaît plus le «boom» des années 1950 et surtout 1960.
Christiane Vollaire et Philippe Bazin entendent également donner comme toile de fond à la situation actuelle l’histoire de la Grèce. Vue comme le lieu de naissance de la démocratie dans l’Antiquité (un lieu où les femmes ne votaient pas et où l’esclavage allait bon train!), la Grèce a ensuite passé le joug romain, puis byzantin et ottoman. Les deux têtes pensantes de l’exposition se concentrent cependant sur la Guerre civile de 1946-1949. Les communistes et les hommes du «non-aligné» Tito ne l’ont pas emporté ici comme ailleurs. Il y avait de gros intérêts stratégiques en jeu, notamment américains. D’où l’envoi des perdants dans des camps de concentration, dont celui abominable de Makronissos actif jusqu’à la fin des années 1950. Soyons justes, mais l’exposition ne le fait pas. Le maréchal Tito a agi de même avec ses propres dissidents en Yougoslavie. Il suffit de se rappeler le film «Papa est en voyage d’affaire» d’Emir Kusturica, sorti en 1985.
«Un archipel des solidarités» est une exposition bien faite. Présentée avec soin. Efficace, par conséquent. Instructive en tout cas.
Pratique
«Un archipel des solidarités, Grèce 2017-2020», Centre de la photographie, 28, rue des Bains, Genève, jusqu’au 18 octobre. Tél. 022 329 28 35, site www.centrephotogeneve.ch Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h.
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Le Centre de la photographie illustre à Genève "Un archipel des solidarité"
Christiane Vollaire et Philippe Bazin ont été en Grèce pour témoigner de la condition des migrants et de ceux qui leur viennent en aide. Une exposition militante.