Ils sont connus. De là à les reconnaître aux murs, il y a de la marge. Les «People» tirés de la Collection de l'art brut de Lausanne par Anic Zanzi ont été modifiés par l'imaginaire des artistes représentés. Entre la Sharon Stone dessinées aux crayons de couleurs par Curzio di Giovanni en 2010 et la vraie, découverte dans les films hollywoodiens, il y a un monde. Notez qu'entre les portraits «photoshopés» de la dame et la réalité, il doit en exister un autre aussi.
Répartie sur deux étages de l'institution, l'exposition n'aurait sans doute pas plus à Jean Dubuffet. Elle contredit les principes du théoricien et donateur du musée. Ils voulaient que les créateurs bruts soient préservés de toute influence culturelle. Ils vivraient, selon le Français, dans une sorte de monde innocent, où chacun d'eux ne pouvait puiser que dans un inconscient personnel traumatisé. Or aujourd'hui, à l'ère du Net de la tablette, la chose semble devenue impossible. Notez que la presse illustrée entrait déjà dans les hôpitaux fréquentés par Dubuffet dans les années 1940 et 1950. Elle avait même déjà été pillée (ou détournée) par quelques-uns de ses protégés.
Des "royalties" au sport
Sur les cimaises de la Collection, il y a donc du beau monde, classé par genre. Les têtes couronnées ont toujours fascinés les gens simples. On sait qu'Aloïse Corbaz, dite Aloïse tout court, avait conçu avant 1914, alors qu'elle vivait en Allemagne, une folle passion pou l'empereur Guillaume II. Pas étonnant dans ces conditions de retrouver Charles et Camilla non loin d'autres sections où règnent Johnny Hallyday et Elvis Presley, Marilyn Monroe et Gary Cooper, Abraham Lincoln et la Birmane Aung San Suu Kyi. Le vedettariat peut aussi bien se révéler humanitaire que sportif. L'important est d'avoir été souvent montré dans des images pouvant servir de bases pour des interprétations personnelles. Bernard Hinault ou Marlène Dietrich appartiennent (ou ont appartenu, suivant les générations) à l'inconscient collectif.
L'exposition regroupe ainsi un grand nombre d’œuvres, dont la particularité est de ne pas se ressembler. Si le point de départ est connu, celui d'arrivée dépend de la personnalité du dessinateur. Yves-Jules Fleuri, Gene Merritt ou Dominique Hérion ne voient pas le monde de la même manière. Ils se révèlent ainsi irréductibles (dans tous les sens du mot) à une typologie commune. On aurait bien du mal à dire la même chose de ceux qui, banalement, photographient les «people»...
Pratique
«People», Collection de l'art brut, 11, avenue des Bergières, Lausanne, jusqu'au 13 novembre. Tél. 021 315 25 70, site www.artbrut.ch Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h.
Photo (Caroline Smyrhadis): Nicolas Sarkozy, Carla Bruni et un troisième personnages. On est loin du réalisme photographique.
Prochaine chronique le vendredi 22 juillet. La Suisse compte 1140 musées. N'est-ce pas un peu trop?
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LAUSANNE/La Collection de l'art brut sort ses "People" des réserves